Calor Caribe – La chaleur des Caraibes

Medellín
Medellín

Pour quitter Manizales, je suis montée non pas dans un bus mais dans une… grosse voiture, et j’y ai passé 5h scotchée à de parfaits inconnus. Heureusement que j’ai de la lecture avec moi! Je suis arrivée à Medellín et y ai retrouvé Catalina, connue elle aussi, à l’époque, dans ma maison pour étudiants à Zurich. Trop beau de se revoir comme ça, plus tard, dans un contexte totalement différent! Grâce à elle, j’ai eu un lieu de référence calme et soigné pour mes fins de journée de vadrouille. J’ai aussi eu la chance de rencontrer sa tante et son oncle, musiciens et notamment fabriquant de clavecins (!), dont j’ai pu visiter l’atelier, une première pour moi. C’est vraiment fascinant comme lieu, ça sent la sciure et on passe des planches de bois brutes à un clavecin en construction, aux 4 à 5 clavecins qui occupent le salon. Un autre monde…

Medellín depuis le téléphérique
Medellín depuis le téléphérique
La Mort de Pablo Escobar, par Fernando Botero, deux grands noms de Medellín!
La Mort de Pablo Escobar, par Fernando Botero, deux grands noms de Medellín!

Medellín est une ville tres impressionnante en comparaison régionale! Connue pour être la plus dangereuse ville du monde sous le règne de Pablo Escobar, elle s’est bien reprise en main depuis sa mort et le pays a œuvré à la remettre sur pied durant les vingt dernières années. Depuis, elle est devenue l’une des ville les plus progressistes d’Amérique du Sud, et est notamment arrivée première devant New York et Tel Aviv au classement mondiale des villes les plus innovatrices en 2012. Ça donne une idée des avancements qui se sont faits… Et en effet, Medellín est généralement très bien organisée et très propre. Parmi les transports publics on dénombre quelques lignes de métro de qualité supérieure ainsi qu’un téléphérique menant aux quartiers pauvres (et à un parc au sommet de la montagne) – celui-ci était si bien tenu que j’avais l’impression de survoler les montagnes suisses. La ville a réglé ses problèmes de violence et elle offre maintenant un cadre idéal pour la vie urbaine moderne. Le jardin botanique m’a bien plu, ainsi que le Musée d’Antioquia (département dans lequel se trouve Medellín), mais pour être honnête j’ai trouvé qu’à part le fait qu’elle est bien tenue et admirable, ça reste une grande ville avec d’ailleurs un centre historique très restreint. Joli, mais pas dans mon top 5 colombien.

Oeuvre du Musée d'Antioquia
Oeuvre du Musée d’Antioquia, vestiges d’une autre époque
Guatape
Guatape
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Guatape, vue depuis mon auberge de jeunesse
Église de Guatape
Église de Guatape

Ce qui y figure par contre, c’est Guatape! Ce petit village se situe à quelques heures de Medellín et vaut vraiment le détour: c’est un petit bijou multicolore dans un cadre naturel splendide, au pied d’une grosse roche se démarquant drastiquement de l’ensemble du paysage, composé lui d’un lac artificiel aux multiples ramifications. On se balade un moment dans ce village particulier, y déguste une bandeja paisa fort peu légère, avant de s’attaquer à l’ascension du géant local. Et là-haut, quelle vue! L’attrait bucolique de l’endroit mis a part, je dormais dans une auberge de jeunesse fort mignonne, avec la meilleure vue que je puisse imaginer: lac et rocher. Je me suis trouvée si bien là-bas, et puis les gens étaient si sympathiques et tranquilles, que j’ai décidé de rester à l’auberge le deuxième jour et ne rien faire… du tout.

Bandeja paisa
Bandeja paisa

Une pause bienvenue dans l’égrenage rapide de mes journées et visites. J’ai notamment trouvé très inspirants le couple d’Argentins qui vivent et travaillent là-bas quelques mois, l’auberge de jeunesse faisant office de source financière et de repos mental avant de continuer leurs péripéties a deux. Puis, il a bien fallu que je chante et traduise les Lacs du Connemara au couple d’irlandais qui avait entendu parler de la chanson par un francais mais ne la connaissait pas, un moment d’anthologie! J’y ai aussi rencontré une chouette autrichienne, avec qui j’ai passé le chemin du retour et partagé un repas à Medellín, avant de comprendre qu’elle vit en fait a Berne, en Suisse! Le monde est petit…

Vue depuis El Peñol, le rocher de Guatape
Vue depuis El Peñol, le rocher de Guatape
El Peñol, Guatape
El Peñol, Guatape
Jardín
Jardín

Une autre petite excursion fut celle à Jardín (a prononcer « rrardine », le « rr » faisant office de son guttural comme on les aime en suisse-allemande), et elle fut vraiment de courte durée: 4h de bus a l’aller, 5h sur place et 5h au retour, le tout dans une seule journée! Théoriquement j’aurais dû y rester plus longtemps, notamment parce qu’il y a une très belle cave doublée d’une cascade qui est le centre d’intérêt du coin, mais pour des raisons d’organisation c’était mieux ainsi (pour moi). Et puis, comme je l’ai répété quelques fois aux Colombiens ahuris que je fasse cet aller-retour absurde; j’aime le bus. Je prévois de voyager le plus possible en bus durant ce voyage, parce que c’est plus économique, plus écologique, et parce qu’il y a quelque chose qui me plaît beaucoup dans les voyages en bus et que je ne retrouve pas avec l’avion. Une certaine simplicité (arriver au dernier moment, prendre un billet et embarquer son bagage sans contrôle de sécurité ni file d’attente), et puis de longues heures à sentir passer le paysage, à le parcourir vraiment, le tout en lisant, se reposant, dormant. J’ai bien aimé Jardín, bien qu’il y ait relativement peu à faire la-bas, en semaine. J’ai passé la  journée avec un Americain rencontré au sortir du bus, qui a rendu la journée plus interessante et qui a proposé qu’on grimpe la colline avec vue sur le village (proposition amèrement regrettée quelques minutes après le départ, car il s’est rendu compte qu’avec cette chaleur faire un effort physique n’a rien de charmant). Bref, pour l’anecdote il sert apparemment de chauffeur à Justin Bieber quand ce dernier est en tournée à Miami, parce que le responsable de la sécurité de ce dernier le connait et a parfois besoin d’un coup de main. Je suis donc à une poignée de mains de Justin Bieber, et probablement plus très loin de Barack Obama et Poutine du coup!  Ça me fait beaucoup rire.

Trajet en bus vers Jardín
Trajet en bus vers Jardín
Église de Jardín, une des plus belles que j'aie vues dans ma vie je crois (ne le dites pas à mon Romain fier de St-Pierre)
Église de Jardín, une des plus belles que j’aie vues dans ma vie je crois (ne le dites pas à mon Romain fier de St-Pierre)
Ancienne cour d'Inquisition de Cartagena
Ancienne cour d’Inquisition de Cartagena

Ensuite, j’ai enfin pu tester ma résistance aux heures de bus avec le voyage pour Cartagena: 16h qui se sont transformées en 18h pour rejoindre la côte bien plus au nord, loin de la Cordillère des Andes. Et à vrai dire cela ne m’a pas dérangée, j’ai bien apprécié le voyage. Il faut dire que j’étais dans un car tout à fait acceptable (il faut juste être prêt à affronter le froid de la climatisation et le fait de dormir en position plus ou moins assise). Parée pour toujours plus de bus pour ce voyage donc! A Cartagena (en francais la ville s’appelle Cartagène des Indes mais j’aime sincèrement pas trop cette version francophone), je dors chez des amis de la femme du meilleur ami de mon copain Emanuele (il faut suivre…), deux Espagnols fort sympa qui travaillent ici depuis quelques années. Je les envie un peu… Cartagena est superbe! Bon, elle est petite hein. Mais le centre est un chef d’oeuvre de romantisme avec une touche coloniale. Cartagena, ce sont les conquistadores espagnols, doublés de pirates des Caraïbes et esclaves africains (ainsi que de populations indigènes plus ou moins massacrées). Un mélange de cultures détonant résultant en une muraille encerclant le centre de la ville, une culture musicale afro et une Cour d’Inquisition ayant jugé près de 900 personnes (et condamné à mort nombre d’hérétiques, juifs, sorcières…). Petite piqûre de rappel du talent européen pour civiliser le reste du monde tout en se croyant moralement supérieurs (je parle de la crise des réfugiés? non ok je n’en parle pas).

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Cartagena
Une université à Cartagena
Une université à Cartagena
Muraille de Cartagena
Muraille de Cartagena

Ici, j’ai eu droit à mon premier coucher de soleil sur la mer, et ce fut l’occasion de me répéter que, décidément, je suis faite pour les pays chauds et pour la mer. Je ne suis pas née au bon endroit! Ou alors ma bonne fée et mon ange gardien ont décrété que vu que je venais des montagnes ils me donneraient le virus de la bougeotte, pour compenser le manque d’eau salée et de chaleur. Ce qui expliquerait mon amour pour le sud: l’Italie, l’Indonésie, la Colombie… (et plusieurs autres). Je m’y trouve simplement bien, malgré la couche de transpiration et la peau moite qu’on ne peut éviter en se baladant entre les murailles de Cartagena, où il fait en moyenne une trentaine de degrés et le soleil qui va avec. Une vendeuse a même cru que je pleurais… Non non, je transpire juste du nez,  merci madame. Cartagena est une ville fortifiée ayant à plusieurs reprises repoussé l’envahisseur ; elle en a gardé des marques avec sa forteresse et les remparts qui l’entourent, et sur lesquels on se balade désormais avec vue sur les voitures qui longent la côte plutôt que sur les navires ennemis prêts à l’attaque. Et dans les rues, c’est un enchaînement de balcons fleuris et de murs colorés, d’élégantes cours intérieures et de fenêtres à colonnades. La seule maison qui ne suit pas le style colonial local est celle que se construisit Gabriel Garcia Marquez quand il quitta son village pour venir vivre en ville, une grande villa orange  protégée par un haut mur anti-curieux.

Cartagena
Cartagena
Cartagena
Cartagena
Cartagena
Cartagena

Cartagena fut la ville de ma première soirée de salsa sur le continent, superbe! La salsa des Caraïbes se danse différemment de la cubaine que l’on connaît en Europe, plus joyeuse je crois (mais je ne suis pas une experte). J’ai aussi eu la chance de découvrir la champeta, une musique et danse très locale puisqu’on ne la trouve qu’à Cartagena et Barranquilla, la ville de Shakira (et de la maman de mon amie Maria Grazia!). Elle est un témoin direct de l’héritage africains des populations locales, puisqu’il s’agit de rythmes africains qui étaient restés dans les mémoires et se sont popularisés dans les années 80, accompagnés de paroles en espagnol et de quelques sonorités plus modernes. On danse la champeta de façon libre et joyeuse, comme le demande la musique, et ce sont majoritairement des blacks qui se déchaînent sur ce son unique. Quelle fête ! Cartagena restera décidément l’une de mes étapes  préférées de ce voyage.

Forteresse de Cartagena
Forteresse de Cartagena

Je rédige ce post depuis l’île de San Andrés, à l’est du Nicaragua et bien au nord de la Colombie, mais faisant partie de son territoire. C’est ici que l’on m’a recommandé de venir pour faire de la plongée, je vous en redonnerai des nouvelles ! En attendant  je vous partage une petite observation linguistique qui me fait sourire. Mettons de côté le fait qu’il est parfaitement naturel qu’hommes ou femmes m’appellent autant « mi amor » que « niña » (fillette), à l’hôtel comme dans le bus. Les Colombiens partagent avec les italiens (et les suisses-allemands) d’ajouter un suffixe mignon à beaucoup de mots, dont certains inattendus même pour une italophile. Je peux gérer « momentito » (petit moment) et « horita » (petite heure) tout comme j’accepte « amorito » (petit amour) , mais je dois dire que je trouve « ahorita » (« petit » maintenant) plutôt attendrissant et « diocito » (petit dieu !) carrément étrange!Tout est véridique, entendu prononcer par des amis ou des étrangers dans la rue. Sinon, j’aime aussi beaucoup comme en quittant quelqu’un on lui souhaite toujours ce qui serait l’équivalent de « tout de bon », mais en plus attentionné: « que esté bien » (que vous alliez bien), « que dío te bendiga » (que dieu te bénisse) ou « que tengas un buen día » (passe une bonne journée). Joli, non?

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J’ai oublié de vous dire que ce voyage m’aura confirmé en 5 min de conversation que je suis bel et bien suisse, malgré ce qu’on pourrait croire. La réceptionniste de mon auberge de Manizales (où j’ai organisé le trek pour Los Nevados), quand je lui ai dit que je ne cherchais pas spécialement à rencontrer d’autres Suisses, a réagi en disant que les Suisses sont particulièrement comme ça, contrairement à d’autres nations ils ont tendance à s’éviter. Première confirmation, je me comporte donc apparemment comme une suissesse normale ; intéressant (j’aime expliquer que je ne parcours pas des milliers de kilomètres autour de la planète pour retrouver mes voisins) . Ensuite, elle me présentait les tours possibles pour la lendemain et a précisé que pour le premier on montait jusqu’au sommet en voiture, ce à quoi elle a ajouté en voyant ma grimace « …mais je sais que les suisses n’aiment pas ça ». Ok c’est bon j’ai compris, je suis donc bien de cette culture-là. Non mais, rejoindre un sommet en voiture !

Cartagena
Cartagena

img_8791Je conclus cet article avec ma prédiction pour la Colombie, en écho au dernier article que j’ai écrit: selon moi, d’ici une dizaine d’années, lorsque les gens auront surmonté leurs préjugés et que les stéréotypes se seront estompés, le monde comprendra l’intérêt eu la richesse de ce pays et les touristes afflueront en masse en Colombie. Allez-y maintenant, c’est encore relativement épargné et authentique mais déjà assez bien développé pour les visiteurs! Voilà quelqu’un qui partage cet avis et l’exprime mieux que moi (mais en anglais): http://seecolombia.travel/blog/2016/10/21-reasons-why-you-have-to-visit-colombia-in-2017/. D’ailleurs, j’avais à la base prévu de passer octobre en Colombie et de bouger vers le Pérou pour novembre… Devinez quoi? J’aime trop la Colombie, j’y reste jusqu’à satiété! Probablement 2 à 3 semaines de plus, donc. Ma seule destination fixe c’est la Bolivie à Noël pour retrouver mon Emanuele!

Muraille de Cartagena
Muraille de Cartagena

Prochaines destinations: l’est de la côte avec Santa Marta, la Cité Perdue dans la Sierra Nevada, le parc Tayrona pour sa jungle et ses montagnes, et Taganga et Palomino pour la plage et la tranquillité

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Cartagena
Cartagena

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