Après le départ de mon amie Emma, j’ai passé quelques jours avec mes italiens du Brésil préférés, qu’il était vraiment génial de revoir après tant d’années! J’ai vécu pendant six mois dans le même appart qu’Irene, pas loin du célèbre Duomo de Florence, pendant mon Erasmus. Ensuite, je l’ai revue, ainsi que son copain d’alors (désormais mari), Lorenzo, à leur mariage, trois ans plus tard! Ils partaient immédiatement pour Saõ Paulo, où lui commençait un post-doctorat, et je leur ai dit en rigolant (mais mi-sérieuse tout de même) que moins de temps aurait passé d’ici à notre prochaine rencontre que depuis la dernière, car, comme j’allais partir en Amérique du Sud, il faudrait que j’aille les y trouver!

NB: presque toutes les photos de cet article sont de Buenos Aires, parce que je ne pouvais pas ne pas vous la montrer comme il faut, bien que la majorité de l’article parle d’autre chose

Eh bien ce fut dit, ce fut fait, deux ans plus tard nous nous sommes retrouvés dans leur appartement à São Paulo! Entre-deux, mes amis avaient appris le portugais et s’étaient fait plein d’amis sur place, avaient découvert la vie brésilienne. J’ai passé quelques soirées avec eux et leurs amis, tout en portugais, où je comprenais presque tout et répondais en espagnol, ce qui fut très drôle. Une autre soirée j’ai revu Cristiane, une paulista rencontrée, elle aussi, sur une île en Colombie (comme mes amies chiliennes d’un article précédent). Super soirées, vraiment! Et les journées furent tranquilles, consacrées à être avec mes amis en mangeant des glaces, à observer des capivaras (les plus gros rongeurs au monde!) et à me reposer un peu. Après tant de mois de voyage, je ne sentais plus vraiment le besoin de continuelle découverte qui m’animait au début.

Ma dernière semaine, je l’ai passée à Buenos Aires, sur un coup de tête (un peu cher) qui m’a ramenée dans cette ville que j’ai tant appréciée. J’avais très envie d’être encore en Argentine, et dans un environnement hispanophone, pour la fin de mon voyage. Me sentir encore une voyageuse et un peu moins une touriste, pour les derniers jours avant de rentrer. Ce fut une super décision: mis à part que je n’avais en effet plus l’énergie et le désir de découvrir et visiter, j’ai beaucoup profité de l’ambiance argentine durant cette dernière semaine.

Je pensais faire tous les musées et monuments qui me manquaient, j’aurai surtout mangé des asados avec les argentins de mon auberge de jeunesse et bu des matés! Mais je me suis aussi baladée dans San Telmo, ai visité un musée d’art et, surtout, enfin vu le beau cimetière de la Recoleta. C’est un vieux cimetière de riches familles, donc plutôt classe parce que plein de superbes et imposantes pierres tombales – d’ailleurs Evita Perón, la bien-aimée épouse de l’ancien président, y est enterrée.

J’ai lu, écrit, revu beaucoup d’endroits visités avec Emma, écouté pas mal de musique – notamment une jam session dans un bar quelque part – et profité de l’atmosphère très musicale de la ville. J’ai également rencontré Gisela, l’amie argentine de mon amie Abi de Zurich, avec qui je suis allée danser à un super concert d’un tas de musiciennes avec plein d’instruments différents et reprenant de vieilles musiques à la sauce funky, suivi par de la cumbia colombienne. Parfait pour finir mon voyage sud-américain! J’aime beaucoup Buenos Aires, j’aime l’air qui s’y respire, le rapport visible de la cité et ses habitants avec l’art et avec le tango – qui sont omniprésents -, j’aime comme on y parle, j’aime son histoire, son architecture et j’aime comme elle est verte. De toutes les villes que j’ai visitées durant ce voyage, si je devais m’arrêter quelque part pour vivre quelques années je crois que je choisirais Buenos Aires!

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Et puis voilà, j’ai dû lui dire au revoir, puis à Irene et Lorenzo également. Mon avion de retour partait de SP, après quelques achats de cachaça et farine de tapioca, et après un espèce de thé dansant avec des retraités brésiliens en plein après-midi. J’ai pris un de ces vols transcontinentaux qui durent si longtemps que le temps arrête de passer et que seul compte ce qui existe dans cette carlingue où des vies si différentes se croisent sans vraiment se mélanger, chacun dans ses propres pensées, son sommeil, ou ses films.

J’aime ces moments de transition, qui nous aident à nous séparer d’une réalité pour en accueillir une autre. Quel choc serait la fin d’un si long voyage si on pouvait simplement se télétransporter! En général, j’étais très calme, très apaisée à l’idée de rentrer. J’avais toujours su la date de mon vol de retour, je m’y étais donc préparée psychologiquement depuis un moment. Et puis j’ai fait un peu tout ce que je voulais, la « boucle s’est bouclée », comme j’ai expliqué à beaucoup de gens depuis mon retour. Bien sûr il y a des tas de choses que j’ai manquées, et pour bien il faudrait que je refasse le même voyage, mais sur plus d’une année, pour vraiment passer assez de temps partout et découvrir les endroits que je m’en suis voulue d’avoir manqués. Mais on sait tous que la vie n’en va pas ainsi.

En attendant, ce voyage m’a comblée et m’a apporté ce que j’y cherchais: la réalisation d’un rêve et une liberté totale (de choisir ce qu’on fait quand, de n’avoir aucune responsabilité domestique, etc), qui correspond à ma personnalité. Et puis, par hasard, je suis revenue en Europe un 17 mars, donc j’ai eu droit à un musicien qui jouait de la musique irlandaise pour la Saint Patrick durant mon transit à l’aéroport de Londres, j’étais si heureuse de ce petit cadeau-surprise pour mon retour que j’en ai eu les larmes aux yeux.

J’avais pris quelques notes vers la fin du voyage pour me rappeler de quoi je voulais vous parler dans cet article, et j’avais entre autre écrit « le début me semble très loin ». C’est drôle de relire ça près de trois mois après être revenue, parce que maintenant même Buenos Aires me semble loin, et ça me faisait bizarre de parler de Carnaval (février dernier) en mai (dans mon dernier article), alors imaginez la Colombie! Et, pourtant, j’y ai presque passé deux mois, c’est fou que ça semble à ce point s’être produit dans une autre vie! Mais ainsi va ma mémoire, et le temps qui passe.

Je me sens si loin de ce voyage désormais que j’ai presque l’impression qu’il n’a pas eu lieu! Mais c’est bon, des montagnes de photos me le prouvent, je sais que je suis vraiment partie et que c’était vraiment moi, là-bas, je n’ai pas juste lu l’histoire de quelqu’un. Je suis donc partie de la Colombie, où j’ai été voir Punta Gallinas, le point le plus au nord de tout le continent, et je suis descendue par la côte ouest, le long de la Cordillère des Andes, jusque tout en-bas tout en-bas à la Terre de Feu en Argentine, c’est vraiment fou d’y repenser! J’ai découvert que le même moyen de transport peut être appelé micro, bus, colectivo, ou taxi, selon le pays. J’ai voyagé à travers les pays, mais aussi à travers le street art, la musique, l’histoire, les tattoos, la politique, un peu la lecture (mais le travail ne fait que commencer! j’ai une liste entière d’auteurs sud-américains à découvrir!), la nourriture, la tête des gens, les accents en espagnol, et l’immense variété culturelle contenue dans le terme « Amérique latine »…

Je ne me suis pas « trouvée », parce que je ne me cherchais pas vraiment. J’estime que je me connais déjà pas mal, à 26 ans, et je sais que la route vers l’accomplissement de soi est longue. Mais la vie m’a fait un beau cadeau en me permettant de faire ce voyage tel que je l’avais imaginé. Depuis mon retour, on m’a souvent demandé « quel pays tu as préféré? » mais, en fait, c’est une mauvaise question. Je ne critique pas ceux qui la font parce qu’à vrai dire c’est difficile de poser les bonnes questions à quelqu’un qui part si longtemps. C’est aussi pour ça qu’il est difficile de répondre à une question pareille: j’ai vu tellement de choses magnifiques et si différentes que je ne peux pas choisir.

Comment savoir si j’ai préféré une plage des Caraïbes ou une randonnée à plus de 4000m d’altitude? Si j’ai préféré voir des pingouins, découvrir les vêtements andins traditionnels, admirer des paysages lunaires avec mon petit ami ou danser avec amie magique? Je pourrais citer plusieurs choses qui m’ont vraiment marquée dans chaque pays, ça serait déjà plus faisable. J’ai déjà un peu répondu à la question de ce que m’a apporté ce voyage, et je crois que si vous avez lu les différents articles sur mon blog, vous l’avez un peu compris vous-mêmes.

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Quelles sont mes 10 éléments préférés du voyage? Je vais tenter de vous lister ça… (pas par ordre de préférence!)

1. danser en Colombie, et la musique là-bas, en général
2. les fruits tropicaux (en Colombie surtout, un peu au Brésil aussi) et comme on peut manger des maracuyas et avocats un peu partout, ou de succulents jus de fruits!
3. le glacier Perito Moreno (Argentine)
4. la jungle partout où je l’ai vue, notamment vers Santa Marta (Colombie)
5. les amis qu’on rencontre en route et qu’on revoit parfois, les liens qui se créent
6. les chutes d’Iguazu (Argentine)
7. les lacs turquoise au pied de glaciers dans la montagne à El Chaltén (Argentine) et durant le trek du Salkantay (Pérou)
8. la sympathie et la bonne humeur des gens un peu partout
9. les plages paradisiaques de San Andrés (Colombie)
10. voir des tas d’animaux incroyables un peu partout: flamants roses en Colombie et Bolivie, pingouins au Chili, tortues au nord du Pérou et dans les Caraïbes, lamas/alpagas/guanacos/vicuñas un peu partout et suivant la région, paresseux en Bolivie et dans l’Amazonie, autruches sur l’altiplano bolivien, singes dans la jungle, capivaras (plus grand rongeur au monde) au Brésil, toucans, perroquets et tout ce dont regorge la forêt amazonienne…

Comme le dit la page d’accueil de mon blog, je suis partie « à la recherche de beauté ». Et j’en ai trouvé bon sang! La beauté sous toutes ses formes, notamment celle des paysages, mais aussi la beauté humaine. Je ne vais pas vous faire un discours larmoyant et un peu paternaliste sur les gens qui vivent avec peu et sont heureux et chaleureux malgré tout, je n’aime pas ces discours qui ont pour intérêt de se mettre en avant plutôt que vraiment comprendre les réalités locales. Je préfère écouter les gens plutôt que les observer et revenir avec de sophistiquées conclusions à leurs sujets.

Ce que j’ai trouvé, par contre, qui transmet vraiment ce que j’ai vu, senti, et commencé à comprendre, est cette superbe chanson de Calle 13 (« Rue 13 », des portoricains), appelée Latinoamérica. Les larmes me montent aux yeux à chaque fois que je la regarde… La voici, avec les paroles en français en sous-titres (les numéros renvoient à des explications que vous trouvez dans la légende de la vidéo sur youtube). Lisez le texte, observez les images, car c’est un clip superbement réalisé, qui est beau et fidèle, avec une chanson qui sait décrire les réalités et les contrastes du continent, ses beautés et ses souffrances. Voyez plutôt:

Et puis, comme vous l’aurez compris avec le temps, j’aime bien un peu de statistiques de temps à autre! J’ai donc poussé la chose jusqu’à estimer tout un tas de chiffres sur la base de Google maps, mes souvenirs, une carte que j’ai gardée avec moi pendant le voyage pour suivre mes déplacements, et ce qu’internet a pu me fournir comme info. Voici pour vous:

• 7 pays, 3 fuseaux-horaire, 2 langues (espagnol, brésilien)
• 5,5 mois dont 2×2 semaines avec des visites (Emanuele puis Emma)
• Près de 7’500 photos
• 13 articles sur ce blog, des heures et des heures de travail en fin de compte
• Très difficile à estimer, mais environ 285 personnes rencontrées, connues ou avec qui il y a eu un échange significatif, dont 20 personnes revues durant le voyage, et parmi celles-ci 2 revues en Europe également (Adnan et Isabel)!
• Environ 34’000km par mer, terre et air
• Environ 610h de déplacements en bus (allant de celui avec wifi et prise électrique à celui qui prend l’eau et pue), jeep, minibus, moto-taxi, barque, canoë, ferry, bateau, avion et auto-stop
• Parmi ces 610h de trajets on compte environ 55h de stop, une trentaine d’heures de bateau et 14h d’avion, sans compter le vol intercontinental dans un sens comme dans l’autre (12h et environ 9000km par trajet)
• 158 jours soit 3’792h de voyage, donc 1/6 soit 16% de mon voyage fut des trajets (sans les vols intercontinentaux)

Assez impressionnant hein? Ca me donne un peu le vertige de voir ces chiffres comme ça… J’ajoute que mes trajets en bus, sans possibilité d’échapper à des sélections de films au goût vraiment très douteux, m’ont permis de décerner le prix du pire film que j’aie vu de ma vie: Requin des Sables est vraiment aussi mauvais que son nom laisse l’entendre.

Et puis une autre chose que j’aime aussi beaucoup, ce sont les cartes! De fait, je me suis baladée pendant tous ces mois avec une immense carte dépliante de toute l’Amérique du Sud, qui tenait à peine sur une table. J’y ai fidèlement indiqué chaque endroit où je suis allée, afin de pouvoir toujours retracer le parcours effectué et me rappeler des noms des lieux où je suis passée. Ce n’est pas vraiment possible de prendre une photo de toute la carte qui soit vraiment lisible, il faut l’avoir en main et l’ouvrir pour vraiment l’observer de près, mais il y avait une version « résumé » de la carte sur le verso et j’y ai tracé les lignes générales de mon voyage. Voilà qui peut vous donner une bonne idée:

C’est pas cool? Moi je trouve ça trop cool, holala! Sans que ce soit de la vantardise hein.. Je suis juste trop heureuse et reconnaissante d’avoir pu créer et emmagasiner tous ces souvenirs. Et puis, je suis rentrée, j’ai retrouvé mon Emanuele, avec qui je vis à Genève. J’ai revu ma famille et mes amis, si indispensables. J’ai pris le temps de me remettre du retour et de me réhabituer à la vie normale, ai rattrapé mon retard avec l’actualité (quoi, TRUMP a été élu?!?) et amené mon vélo à Genève pour me déplacer plus librement. Ensuite, les choses sérieuses ont commencé, j’ai mis mon CV à jour et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire j’avais des offres de stage. J’en ai accepté une et j’ai commencé à travailler il y a trois semaines, un contrat de six mois (pour le moment). Je suis casée! Ca aura donc pris moins de deux mois, bien plus rapide que je ne l’aurais cru, tant mieux! Maintenant je me réjouis de ce qui m’attend, les nouveaux défis, nouveaux rythmes, la nouvelle ville et cette nouvelle vie. Merci de m’avoir suivie jusque là, et hasta la proxima pour de nouvelles aventures. Gardez vos yeux et votre coeur ouverts.

Bien à vous, votre Audette

Celui qui voyage n’est jamais seul.

Pour plus de photos de ma dernière semaine, à Buenos Aires, clique ici

Et pour ceux qui souhaitent se balader à travers l’Amérique du Sud en quelques cliques de souris, voici tous les albums photos que j’ai publiés durant mon voyage. Attention, les photos ne sont pas triées, il y en a un tas!