L’été aux teintes de Jamaïque… et une fabuleuse région

San Andrés
San Andrés

Je vous recommande d’écouter cette playlist durant votre lecture, petite sélection par mes soins de musiques qui ont rythmé mes journées durant ce séjour en Colombie et plus particulièrement le long de la cote. Vous y trouverez de la salsa, de la champeta, du reggaeton, du vallenato, et plusieurs autres… (je vous parlerai de musique prochainement):

San Andrés
San Andrés

Plus de temps que d’habitude a passé depuis mon dernier article, j’ai été fort occupée! J’ai vraiment vécu les Caraïbes et suis maintenant de retour vers la montagne et des températures moins clémentes. Je promets d’avoir profité du soleil au maximum! J’ai même réussi à bronzer un peu, ce qui n’est pas si mal pour un mois de novembre. Petit avis aux envieux, s’il y en a parmi vous: ce post risque de ne pas vous faire du bien. Quant aux autres, ceux qui profitent de ces articles pour voyager un peu, venez, je vous entraîne sous le soleil des tropiques!

Plongée à San Andrés
Plongée à San Andrés

San Andrés tout d’abord, une île colombienne à côté du Nicaragua. Elle n’a de colombienne que le nom, puisqu’elle était une colonie britannique avant de passer en mains plus locales. Et puis la population noire descend d’esclaves jamaïcains immigrés sur l’ile, donc l’ambiance est assez différente de celle de la côte colombienne! Autant dire que visuellement et musicalement (étonnamment, olfactivement pas tant) on se retrouve transporté dans le monde du dieu Marley et du reggaeton, c’est super particulier! Et la culture est véritablement différente: les gens là-bas se réclament de San Andrés plus que de la Colombie, et un type m’a meme dit qu’il n’aime pas parler espagnol car ses langues à lui sont l’anglais et le créole. Bref, l’île est autant caribéenne que le concept d’île des Caraïbes fait rêver: sable blanc, palmiers et eaux turquoises.

San Andrés
San Andrés

J’y ai passé trois jours enchanteurs, à flotter sans pouvoir y croire dans une mer transparente et sous un merveilleux soleil, faire un peu de plongée et un tour à vélo génial avec une française sympathique qui vit en Colombie, Pauline. J’ai aussi rencontré quelques joyeuses chiliennes (Teresita et Francesca) et sympathiques brésiliens (notamment, Cristina) avec qui j’ai dansé dans la rue et découvert l’hilarant portugnol, croisement d’espagnol et de portugais permettant une compréhension mutuelle teintée d’éclats de rire. Repas partagés, eau de noix de coco fraîche, baignade improvisée et ceviche de fin de journée (plat différent de son homonyme péruvien, la version caribéenne consistant en des crevettes baignant dans de l’oignon, de la tomate fraîche, du coriandre et du jus de citron, simple mais délicieux!), je peux dire que j’ai bien savouré ces trois jours!

La jungle de la Sierra Nevada, menant à la Cité Perdue
La jungle de la Sierra Nevada, menant à la Cité Perdue

Ensuite la vraie aventure a commencé: retournée à Cartagena, j’ai pris un colectivo (petits bus qui partent seulement une fois plein mais offrent un service un peu plus personnalisé que les transports publics standard) pour Santa Marta, à l’est de la côte. Cette petite ville n’a pas grand chose d’autre à offrir que son climat et la mer (ce qui est déjà pas mal, j’en conviens), mais elle est une excellente base pour découvrir la région, qui est l’une des plus riches et variées que je connaisse! Un endroit incroyable, que je recommande absolument à qui veut voir beaucoup de la Colombie en peu de temps, ou simplement vivre dans la beauté de la nature. Jungle, montagne, plage, désert (c’est même une région de culture du café!)… lisez plutôt.

Jungle de la Sierra Nevada
Jungle de la Sierra Nevada
Enfant indigène de l'ethnie Koguis
Enfant indigène de l’ethnie Koguis

J’ai commencé par un trek de 4 jours dans la jungle pour rejoindre la Ciudad Perdida, la cité perdue qui servait de lieu sacré aux indigènes du coin il y a plus de mille ans. Plus que la cité en elle-même, intéressante et jolie dans ce cadre (mais clairement moins impressionnante que, par exemple, le Machu Pichu), ce fut l’ensemble du trek qui rendit l’expérience géniale! On dormait dans des hamacs dans la nature, installés dans d’anciens laboratoires de production de cocaïne (la région était un haut lieu de la culture de coca il n’y a pas si longtemps, et tous les gens qui travaillent dans le tourisme maintenant sont des cultivateurs de coca reconvertis, la guerre a été dure pour eux).

La Ciudad Perdida
La Ciudad Perdida

On marchait le long de la rivière où l’on s’est baignés plus d’une fois. On mangeait des portions pour deux et plus de riz que nécessaire pour tenir les 6 à 7h de marche quotidienne. On servait de plat de résistance aux voraces moustiques du coin et on faisait intimement connaissance avec l’odeur de sa propre transpiration mêlée à celle de l’humidité nocturne qui habite nos vêtements sans jamais vraiment sécher. Mais quel pied!!! L’une des meilleures étapes de mon voyage jusqu’à présent (mais il commence à y avoir beaucoup d’endroits préférés hehe).

Mon ami perroquet
Mon ami perroquet

Cette randonnée de plusieurs jours fut ma première expérience du genre, et je dois dire que ce fut à la hauteur de mes espérances. Splendide, non seulement, mais aussi génial sur un plan physique. Déjà, je sais maintenant officiellement que je suis capable de marcher aussi longtemps sans mourir (mieux, je n’étais pas vraiment au bout de mes forces, donc théoriquement je pourrais même en faire plus… note à Sarah: mets-toi ca dans la tête, poupée!). J’aime le challenge que représente une telle marche, imaginer que c’est mon corps qui me déplace, vraiment, que ce sont mes muscles qui font cet effort, que c’est mon cerveau qui lutte avec lui-meme pour se convaincre de continuer, que ca va aller, que c’est possible. J’aime le sentiment d’accomplissement à la fin d’une longue journée, et quelque part j’avoue que mon ego est fort satisfait de marcher sans trainer et d’etre dans le groupe de tete.

Orage nocturne à Palomino, parfois le mauvais temps n'est pas une si mauvaise chose...
Orage nocturne à Palomino, parfois le mauvais temps n’est pas une si mauvaise chose…

Ce qui fut aussi sympa durant le trek furent évidemment les rencontres. Mon guide était un indigène Wiwa, qui a pu nous en dire plus sur les cultures locales (meme s’il n’était à vrai dire pas très loquace), et j’ai marché en partie avec un couple de Colombiens, en partie avec un groupe plus nombreux et international (un peu plus chouette que d’etre seule avec un couple, pour etre honnete). J’ai notamment rencontré de chouettes et bons marcheurs americain, anglaise et australien, ainsi que quatre belges déjantées – ces dernières m’ont assez charmée pour dévier mes plans des jours suivants à plusieurs reprises, afin de continuer l’aventure ensemble. Ces trois wallones, Sophie, Oriane et Emilie, ainsi que Margot la flamande, ont animé et enjolivé la semaine qui a suivi le trek à la cité perdue.

Coucher de soleil à Palomino
Coucher de soleil à Palomino

Nous sommes donc allées à Palomino, accueillies par la pluie (tropicale, donc chaude, mais quand meme) de la saison du même nom. Mais ce fut l’occasion d’admirer un superbe orage sur la mer, bière à la main. Ensemble nous avons plus d’une fois su faire honneur à la culture francophone du bon vivant aimant manger ce qui est bon (traduction: on a beaucoup mangé, et de fort bonnes choses), et nous avons aussi remarqué que la langue qui unit la Belgique et la Suisse nous fournit un tronc commun de culture musicale un peu vieillotte, et ainsi nous avons quelques fois poussé la chansonnette (sans toujours vraiment se rappeler des paroles, en ce qui me concerne, mais la bonne humeur y était). Je ne surprendrai personne en précisant que la moitié des demoiselles en question fut scoute en des temps plus reculés, ce qui explique en partie pourquoi le courant est si bien passé!

Flamants roses à Camarones
Flamants roses à Camarones

Ensuite, je suis partie une journée juste avec Margot, observer des flamants roses dans leur environnement naturel depuis une espèce de coquille de noix creusée à même le tronc d’un gros arbre. Quelques heures à flotter dans une lagune peu profonde, avec un jeune de l’ethnie Wayuu locale (qui, nous l’avons appris par ensuite, a au jour d’aujourd’hui comme particularité culturelle principale de… vendre et acheter ses femmes), où quelques centaines de flamants viennent savourer les algues du coin. Ils sont plus ou moins nombreux, selon la saison, mais (pour une fois) on n’est pas trop mal tombées! Encore farouches, n’étant pas souvent approchés en raison du faible nombre de touristes à la saison des pluies, ils se sont effrayés à notre arrivée (après qu’on les a vus d’assez prêts pour en tomber amoureuses) et nous avons eu droit au majestueux spectacle d’un envol massif de flamants roses tels qu’on croit qu’ils n’existent que dans les documentaires! Quel fantastique, magnifique, monumental moment.

Le lieu le plus au nord de toute l'Amérique du Sud
Le lieu le plus au nord de toute l’Amérique du Sud
Dunes de sable à la Guajira
Dunes de sable à la Guajira

Le jour suivant, j’ai décidé contre ma raison et mon budget d’accompagner les filles dans leur visite de la Guajira, le département au nord est de la Colombie. Convaincantes, elles ont également su charmer le chef de l’agence de voyage, parlant bien anglais, de venir avec nous plutôt que de nous envoyer un sous-fifre. Et la dernière recrue n’ayant pas su résister aux arguments de mes chères belges fut Jeronimo, un tranquille Berlinois qui s’est retrouvé entouré de joyeuses et gourmandes papoteuses qui l’ont emmené par dunes et par falaises (à défaut de monts et vaux).

La traversée du désert
La traversée du désert

gopr5578Il fallut traverser le désert en jeep et rouler de nombreuses heures, puis disputer son poisson aux mouches locales avant de prendre le bateau par nuit de quasi pleine lune, et d’arriver au très mignon hôtel de hamacs au bord de l’eau qui nous accueillerait pour la nuit. En passant, nous avons plongé 5 minutes dans la mer et pris un bain de vent au sommet d’une petite colline, que de belles vues! Le second et dernier jour de cette excursion, nous avons rejoint Punta Las Gallinas, le point le plus au nord de tout le continent sud-américain! Et, surtout, nous nous sommes baignés à une plage constituée d’une énorme et très pentue dune de sable jaune se jetant dans la mer. Trop beau! De gros homards frais nous attendaient pour midi, un véritable régal pour les papilles, et déjà il fallait repartir.

La joyeuse assemblée (+1 danoise croisée en chemin)
La joyeuse assemblée (+1 danoise croisée en chemin)

Ce qui reste toutefois comme un poids sur le coeur c’est cette étrange traversée du désert. Avant de partir, notre guide avait fait un stock de petits pains et de sachets d’eau (l’eau se boit en sachets ici, pas en bouteilles), et nous savions que les gens sont assez pauvres dans la région. Ils sont principalement membres de l’ethnie Wayuu, et ceux qui habitent dans le désert vivent dans une misère assez prononcée qui crée un gros contraste avec le fait que nous traversons ce meme désert avec nos couteux appareils photos et payons le tour de deux jours un prix qui les ferait vivre aisément durant probablement plusieurs mois. S’arreter au niveau des cabanes de bois pour distribuer pains et boissons aux enfants, tout en s’entendant répondre que s’il n’y avait pas les touristes pour passer leur vie serait vraiment sacrément difficile, c’est vraiment très triste.

J'ADORE dormir dans un hamac
J’ADORE dormir dans un hamac, inutile de le préciser

Après ce tour particulier à la Guajira, nous avons passé une autre nuit à Palomino, où le spectacle fut cette fois celui des mœurs différentes et d’un certain choc des cultures à la discoteca du village. Trèeees très particulier pour nous d’observer les danses de couple à la sauce costeña (de la côte, soit beaucoup, beaucoup plus sensuel que le politiquement correct européen nous permet d’imaginer), tout en dansant en rond et en groupe, en braves occidentaux que nous sommes. Mention spéciale au garçon de 14 ans qui m’a fait danser un peu de merengue et qui était en chemise… mais à pieds nus! Choc des cultures je vous dis.

Tayrona
Tayrona

Le lendemain nous sommes allés découvrir le parc naturel Tayrona qui, piètre organisation et nombreux touristes à part, est vraiment splendide! Balade à cheval, plages de palmiers et d’eau chaude, le lieu parfait pour saluer mes wallones retournant vers leur plat pays. Malgré mes plans m’intimant de continuer mon chemin vers le sud pour enfin sortir du pays et en voir d’autres, je suis restée avec Margot et Jeronimo pour une autre nuit en hamac, dégustation de mangue face à un autre orage nocturne, et lever de soleil sur la mer, de toute beauté!

Quasi pleine lune à Tayrona... what else?
Quasi pleine lune à Tayrona… what else?

Petit déjeuner dans l’espèce de boulangerie improvisée à côté de notre camping, arborant fièrement, à mon horreur, un drapeau suisse et un du FC Zurich ainsi qu’une écharpe Hopp Schwiiz!! La Suisse me poursuit à travers le monde, je vous jure. Il s’est avéré que la fille du propriétaire est tombée amoureuse d’un suisse de passage, qu’ils se sont mariés, qu’elle la rejoint à Berne et qu’ils ont maintenant un fils jouant dans la sélection (ne me demandez pas laquelle, je n’en ai pas la moindre idée! Du foot je suppose. Et j’ai oublie son nom d’ailleurs). Cocasse! Mais on a fait connaissance avec la perruche qui habite leurs palmiers, tout émerveillés nous étions.

Lever de soleil à Tayrona
Lever de soleil à Tayrona

Une petite rando nous a fait sortir du parc pour prendre un bus de retour à Santa Marta… avant de décider de partir immédiatement pour Minca, plus au nord et dans la montagne (dans la chaine appelée Sierra Nevada de Santa Marta). Pas question de se séparer avant d’en avoir vu un peu plus et de bien connaitre la région!  Et puis on ne change pas une équipe qui gagne, et on avait une très bonne dynamique de groupe, faisant tout ce qui nous plaisait sans nous prendre la tete. C’est aussi (et surtout) ca, voyager, rencontrer de nouvelles personnes et faire un bout de chemin ensemble.

Tayrona
Tayrona
Tayrona
Tayrona

Minca est l’un des repères internationaux pour amoureux d’oiseaux! Notre guide nous a expliqué que si le Brésil est en tete devant la Colombie en matière de biodiversité en général, c’est la seconde qui l’emporte pour la biodiversité concernant les oiseaux en tous genres. Nous avons eu la chance d’observer tout un tas d’amis volants, dont un splendide toucan (plus ou moins l’intéret principal du voyageur de base passant dans le coin), meme si nous n’avons pas vu autant qu’il serait possible en faisant le tour dans un endroit plus stratégique (plus en altitude par rapport à notre tour partant depuis la ville).

Le "plus grand hamac du monde" à Minca
Le « plus grand hamac du monde » à Minca

Nous avons dormi dans un hôtel perdu dans les hauteurs, accessible uniquement par un chemin de boue impliquant 40 min de motocross avec un local (avec le risque de tomber dans la boue pour les malchanceux). Mais le déplacement en vaut la peine! Très jolie vue, accompagnée un sentiment de nature et de vie un peu familiale (les repas se prennent tous ensemble à la meme heure), une jolie (mais courte) pause passée en partie à papoter dans des hamacs géants ou autour d’un feu un peu timide (pas ma faute, foi de scoute tout le possible a été fait!). Jolie rando en descente pour retourner vers la civilisation, chouettes derniers moments ensemble – dont notamment la dégustation de la meilleure empanada du pays (beignets frits, souvent juste remplis de viande, mais celui-ci était un succulent et inoubliable mélange de poulet et légumes au gout tout à fait réussi).

Toucaaaaaan
Toucaaaaaan

Et voila, en environ une semaine nous sommes passés de la jungle, au désert, à la plage et à la montagne! C’est pas cool ca? Le plus génial fut cependant la très belle rencontre de mes amis belges et allemands, et les magnifiques moments passés ensemble. J’ai parlé assez peu espagnol durant ces jours, mais par contre ca m’a fait un immense bien de passer une période un peu plus prolongée avec les memes personnes, vraiment faire connaissance, et aller au-delà du « small talk » habituel des voyageurs (« tu viens d’où, tu voyages combien de temps, tu as vu quoi? » et ensuite ca en reste un peu là). Vraiment super! Mais ensuite je fus bien contente d’avoir un peu de temps juste pour moi, j’ai notamment pris un bus pour Bucaramanga  (entre Santa Marta et Bogotá, plus ou moins au centre-est) et le trajet durait 12h. Le temps de me remettre de cette intense période de vie de groupe!

Plus de flamaaaants
Plus de flamaaaants

Prochaines étapes: Bucaramanga, derniers jours à Bogotá, Cali, Ipiales et sa cathédrale, puis l’Equateur!

Encore un toucaaaan
Encore un toucaaaan

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L'équipe à Tayrona
L’équipe à Tayrona

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