Primeros Días – en Bogotá*

(*Premiers jours – à Bogotá)

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Marché de fruits a Bogotá

Avant de partir, je n’avais ni le temps ni l’envie de préparer mon voyage en détail. Il me suffisait de savoir que j’avais une liste d’idées glanées pour chaque pays, et que je ne serais pas à court de possibilités sur le moment. Après quelques films et épisodes de séries durant les 10h de vol qui relient Madrid à Bogotá, je me suis enfin lancée dans la découverte de mon guide de l’Amérique du sud, section Colombie (merci a Emmanuel Termine pour ce prêt!). Et je me suis sentie dépassée par la quantité d’informations! C’était décidé, j’aurais recours à mes amis sur place pour choisir où me rendre quand… Mais un plan s’était déjà offert à moi car mon hôte, Alexandra, avait bien envie d’aller visiter la Villa de Leyva avec une amie à elle et sa visite barcelonaise. Voilà qui m’arrangeait, une décision prise pour moi, m’emmenant dans ma première ville coloniale!

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Plaza Bolivar, Bogotá
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Villa de Leyva

Le guide m’avait appris que la température moyenne à Bogotá est de 14 degrés, ce qui m’a un peu soulagée, moi qui avait l’impression d’être venue pile à la mauvaise période et qui avait été un peu apeurée par le bulletin météo (et les infos comme quoi octobre est l’un des mois les plus humides). Il faut aussi préciser que Bogotá est à environ 2500m d’altitude, en faisant la 3e ville la plus haute du continent, et que ce n’est de loin pas le cas du reste du pays (dont les villes en bord de côte se trouvent au niveau de la mer, par exemple). Après avoir jeté un œil à une carte indiquant les altitudes de différentes capitales et grandes villes, je comprends que je dois simplement adapter mes habitudes mentales géographiques (pourtant habituellement si développées, ma famille pourra en témoigner…). L’Amérique du sud est faite de hauts et de bas, et dans le même pays je passerai en quelques jours du maillot de bain à la veste polaire et inversement. C’est un bonheur que j’aie réussi à faire tenir le tout dans 10kg de bagage en soute et 6,5kg de bagage à main!

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Des indigènes manifestant pour la paix

Ces premiers jours a Bogotá, ex Santafe, furent un fou mélange de nouveautés, odeurs, visions, bruits et découvertes culinaires. Les premiers jours dans un nouvel endroit sont souvent une immense quantité de nouvelles données a absorber. La cuisine au gaz, dont l’odeur me rappelle l’Italie. Entrer dans un bus et voir le dessus des têtes de la majorité des passagers (parce que je suis plus haute que la moyenne). Le climat tropical et pas mal de traits communs avec Jakarta (je pense que je vous en reparlerai dans un prochain post), mais aussi de nombreuses différences. Un homme aperçu depuis le bus, apparemment habillé en momie et se tenant debout sur un poteau au milieu de la rue. J’ai dîné avec une dame qui m’a parlé un peu de la vie dans la ville, j’ai aussi vu passer un homme dans la rue portant une cape revendiquant la paix pour son pays.

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« Nous voulons la paix », street art engagé

D’ailleurs j’ai carrément vu une procession pour la paix, un groupe de gens tenant des bougies et habillés en blanc. Et où que porte le regard, en ville, on trouve des affiches pour le « OUI » (au plébiscite pour accepter les accords de paix). Ce n’est que lorsque mon amie Alexandra a commenté la procession en disant que ça la faisait presque pleurer que j’ai enfin compris l’importance (notamment émotionnelle) du processus de paix en Colombie. J’en ai parlé un peu avec mes amis de Bogotá et ai saisi l’ampleur de mon ignorance sur le sujet. Je vous en dirai plus, je me donne le temps d’assimiler les infos avant de vous parler politique.

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Avocat giganteeeeesque

Les premières heures et journées dans le pays m’ont permis de rafraîchir mon espagnol, et me rendre compte que je suis très heureuse d’avoir enfin l’occasion de le pratiquer sérieusement! Comme j’en ai toujours été fermement convaincue, simplement aller s’asseoir régulièrement et pendant quelques temps dans une classe où l’on enseigne une langue porte toujours ses fruits (en tout cas pour moi), même quand on ne prend pas les devoirs ou examens extrêmement au serieux. Et je me sens un peu comme au début de mon séjour en Italie, entourée de gens qui ne parlent que cette langue, completement immergée, et donc faisant avec et ça va. C’est génial!

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Colegio San Bartolomeo, Bogotá  – sauf erreur
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Déguisement d’époque pour touristes

Parmi les anecdotes de mon séjour ici, que j’ai déjà commencé a collecter, celle-ci se passe au tout début lorsque, attendant que mon sac apparaisse a l’aéroport après avoir a peine posé le pied en Colombie, un agent avec chien s’approche de moi et me demande si je transporte de la nourriture, et de quel type. Je faisais semblant de rien mais mon cerveau criait « drogue drogue drogue il cherche de la drogue j’espère que personne a foutu quelque chose dans ton sac!! » – mais je ne crois pas que ca ait beaucoup de sens que quelqu’un cherche a faire entrer de la drogue en Colombie, il me semble que le circuit habituel irait plutot dans l’autre sens. Bref l’épisode s’est bien fini car le chien n’etait pas intéressé par mon sandwich au jambon ni par mon chocolat.

Une chose que j’ai remarquée est que là ou nous autres européens et anglophones disons « précolombien » (pour parler de civilisation, de période, de populations), en espagnol (ou en Amerique latine) on dit « préhispanique » – comparaison entre ce que dit le guide et ce que dit le musée, par exemple. Cela me semble historiquement bien plus correct, puisque j’ai vérifié dans un dictionnaire d’étymologie et que précolombien ne signifie pas « avant Colomb » mais « avant la Colombie ». Là où le terme des envahisseurs décrit un âge qui n’a commencé qu’après leur arrivée (…), celui qui s’emploie ici précise qu’il s’agit d’une période avant la colonisation, avant les Espagnols. Un detail linguistique qui vaut son poids en or.

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Raquida

img_9386img_9387D’ailleurs l’or fut l’un de mes premiers contacts avec le continent sudamericain (les Espagnols m’auraient enviée), car j’ai passé mon premier après-midi au Musée de l’Or, très bien fait, extrêmement fourni et super intéressant! Ces photos vous donneront une bonne idée de la visite. Suite à cela, j’ai rencontré des amis connus a Jakarta (ils faisaient eux aussi un stage, mais dans l’ambassade de leur propre pays) et nous sommes sortis ensemble pour ma première nuit de voyage en Colombie. img_9389Cela fut un grand succès, puisque j’ai failli tuer un homme en jouant au tejo (genre de sport national ressemblant a la pétanque, mais où le risque est grand de tirer le petit mais lourd disque en metal dans la face de ceux qui jouent dans la ligne voisine), fait la fête dans la maison de parfaits inconnus et fini par dormir 3h dans l’immeuble de l’amie qui m’accueille, mais devant sa porte pour une erreur d’organisation dont la responsabilité m’incombe entièrement. img_9382Une première nuit digne de la Colombie, je crois! Mais ne vous en faites pas, je suis entière et me suis beaucoup amusée, sans courir de réels risques – quoique je doive vérifier si je ne vais pas être poursuivie pour tentative d’homicide par négligence due à mes piètres talents de lanceuse d’objets a travers des salles.

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Fossile et exemple humain Audesque pour l’échelle
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Place centrale de Villa de Leyva, datant de 1572

Durant le weekend, je suis partie avec Alexandra (mon hôte, connue a l’époque dans la maison d’etudiants où j’ai vecu mes premières années à Zurich) et ses amis visiter Villa de Leyva, une petite ville très conservée et charmante de l’époque coloniale (post-hispanique? hehe). Ce fut l’occasion de commencer à goûter des plats typiques, de la soupe de céréale à la sauce piquante au fort goût de coriandre (succulent!), le tout accompagné des inévitables patates, portion de riz et manioc (qui s’appelle ici yuca). Nous avons également fait un tour dans la région pour y voir, notamment, un superbe monastère dominicain, un immense fossile de cronosaure (genre de gros reptile ressemblant un peu à un alligator), ou la petite ville de Raquida, spécialisée en céramique et où l’on aimerait tout acheter pour en tapisser sa maison. Super première expérience colombienne!

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Street art
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Oeuvre de Botero

Ces quelques jours m’ont évidemment permis de visiter Bogotá. Je me suis promenée pendant des heures dans le vieux quartier de la Candelaría, et j’ai fait une recherche d’oeuvres de street art, dont la ville sous tous ses angles regorge, vibrante et colorée. Une forme d’art qui manque en Suisse, à mes yeux! J’ai aussi vu quelques musées et découvert un peu de l’art colombien, notamment à travers le peintre Botero, que j’ai toujours connu mais dont j’ignorais la nationalité. Je ne savais pas non plus qu’il était encore en vie et que certaines de ses œuvres dataient tout juste des années 90! Je trouve très intéressant de voir à quel point les artistes sont inévitablement liés à leurs origines et à leur culture. C’est parfois amusant; bien sûr, pour un peintre colombien, une nature morte va se composer de fruits qui pour nous sont exotiques, parfois touchant; la colonisation et les conflits qui ont déchiré le pays en ont marqué à long terme la production artistique. Dans tous les cas, ça nous transporte et nous fait mettre en perspective le concept de normalité (qu’est-ce qui est normal pour moi, normal pour les autres? qu’est-ce que « normal »? éternelle question d’Aude en voyage).

Prochaines étapes: une cathédrale de sel a Zipaquirá, puis un bus pour Armenia, vers l’ouest, où je vais aller découvrir la Zona Cafetera (zone de production de café, que je ne bois malheureusement pas) et les montagnes appelées Los Nevados (parce que chapeautées de neige éternelle).

PS: pardon pour les accents manquants, c’est difficile avec les claviers étrangers

Pour plus de photos, clique ici!

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Monastere dominicain de Ecce-Homo, fondé en 1620

2 commentaires Ajoutez le votre

  1. Céline dit :

    Whaou! Si t’as l’occasion de passer un peu de temps à Salento, vas-y! nous on avait adoré!

    1. admin dit :

      Merci pour le conseil! C’est sur ma liste en effet 😀

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