Patagonie: qué buena onda!

Bariloche

La Patagonie a clairement été l’un de mes gros coups de cœur du voyage, et je suis extrêmement heureuse d’avoir réussi à/eu le temps de la découvrir (un peu). En gros, je suis passée d’un côté à l’autre de la Cordillère des Andes, en descendant toujours plus au sud en direction de l’Antarctique (que je n’ai pas atteint, on va garder ça pour un prochain voyage!). C’était très marrant de constater qu’en effet l’accent en espagnol change véritablement juste en passant la frontière, ainsi que les habitudes (les gens boivent tout de même plus de maté du côté argentin). La Patagonie est un territoire spécial, immense, recouvrant tout le sud du continent à partir d’un fleuve au sud de Buenos Aires, et où la peau est particulièrement exposée aux coups de soleil en raison du trou dans la couche d’ozone qui se trouve juste en-dessus de l’ensemble de la région. Auparavant, il y a eu une période où l’ensemble de ce territoire appartenait au Chili, puis l’Argentine s’en est emparé et maintenant la partie chilienne se contente de longer la côte, m’a dit un ami chilien (mais, a-t-il ajouté, toutes les vues les plus belles de la Patagonie sont restées entre mains chiliennes). Un ami argentin a répondu à cela que non seulement la Patagonie appartenait surtout aux indigènes Mapuche avant tout,* mais qu’en plus il y a un dicton qui dit qu’ « il n’y a rien de plus dangereux qu’un chilien en train de dessiner une carte » – la traditionnelle rivalité de voisinage que j’avais mentionné dans un article récent, que tous rient beaucoup d’entretenir.

*D’ailleurs les Mapuche ne sont encore pas exactement traités en maîtres de ces terres, bien qu’ils y aient toujours résidé, contrairement aux « récents » arrivants occidentaux. En ce moment, la lutte continue, contre un acteur qui n’est autre que la marque de vêtements Benetton, qui « possède » tout une partie du territoire patagonien (« plus grand propriétaire terrien d’Argentine ») afin d’y faire pousser des matières premières qu’ils peuvent ensuite utiliser et transformer en produits finis pour leurs clients. Je cite un article: « Chez les Mapuche, présents depuis des siècles, la propriété privée n’existe pas. L’homme appartient à la terre, et non l’inverse. Dur d’expliquer tout ça au [groupe] Benetton. »

Autostop en Patagonie

Mon observation personnelle est surtout que la Patagonie est patagonienne. Je trouve que les gens vivent de façon très similaire que ce soit du côté chilien ou argentin, et différente du reste de leur pays respectif. Ils apprécient et recherchent tous un certain calme et une certaine connexion avec la nature, et j’ai beaucoup aimé voir ça. De nombreuses personnes ont d’ailleurs quitté la capitale pour venir s’établir dans cette zone plus sauvage du continent. C’est une région immense et en grande partie aride et désertique, la fameuse pampa argentine (mot qui signifie plaine), mais qui est riche en lacs, glaciers, volcans et verdure tout le long de la Cordillère, partie que j’ai entendu nommer « la Patagonie verte ». C’est la région du continent qui ressemble le plus à ma petite Suisse pour son aspect vert et montagneux, le type de végétation qu’on y trouve, et le coût de la vie et l’impression qu’on essaie de me faire payer tout ce qu’on peut!

Autostop en Patagonie

A part ce dernier aspect, j’ai évidemment adoré ces territoires sauvages aux paysages spectaculaires ou enchanteurs, et je ne manquerai pas d’y retourner. On dit des « gens du sud » qu’ils sont les plus sympathiques et chaleureux du Chili/de l’Argentine, et je n’ai en effet rencontré que des gens fort amicaux, que l’on commente comme buena onda dans cette partie du continent, l’une de mes expressions absolument préférées de tout le voyage! Elle signifie littéralement « bonne onde/vibration », soit « comme c’est sympa/agréable/chaleureux/cool/quelle bonne atmosphère! » et s’emploie énormément là-bas, d’où le titre de cet article.

Bariloche

Après avoir passé la frontière entre Osorno, au Chili, et l’Argentine, j’ai fait du stop pour arriver à Bariloche et y camper. Une gentille famille de chiliens un peu fous, en vacances en Argentine, m’a embarquée dans leur énorme et vieille voiture bleu ciel, très rigolo! Au son de la musique et voyant défiler le beau lac le long duquel on roulait, j’ai eu droit, à l’arrière de cette grosse caisse déglinguée mais ultra fringante, à une de mes révélations de type « ceci est un moment parfait » que j’ai savourée pendant une bonne partie du trajet. Et puis a eu lieu une situation cocasse: j’avais à peine posé le pied dans la ville et j’attendais un bus qui m’amènerait à mon camping loin de là que passe, se baladant, Rodrigo, le gars qui bossait dans mon auberge de jeunesse à Mendoza! Improbable rencontre, étant donné qu’on avait même pas échangé ni contact Facebook ni numéro! Il m’a alors proposé de dormir chez son pote, gratuitement, et ainsi a commencé une période très argentine pour moi, pleine de rencontres et de moments très authentiques et chouettes. Rodrigo ayant vécu à Bariloche il y a un certain temps, il m’a servi de guide du coin et nous sommes passés du bord de lac à la chocolaterie artisanale Rapa Nui (validée par la Suissesse de service, meilleur chocolat que j’aie mangé en Amérique du Sud et l’un des seuls bons!), au centre ville un peu banal mais avec quelques édifices en pierre et bois, à une jolie plage un peu plus loin.

Hitchhiking in Patagonia

Il faisait chaud, donc je me suis baignée habillée, à défaut d’avoir emporté mon maillot de bain, l’eau était trop bleue je n’ai pas pu résister! Et puis la chance a frappé: on a vu passer un poster annonçant un festival de rock gratuit dans les bois, le soir même. Soirée fantastique! Musique, nature, danse, se terminant en apothéose avec un concert de percussions réunissant plus d’une dizaine de musiciens et où la cheffe d’orchestre impliquait aussi le public, ambiance géniale et inoubliable! Bref, que du bon, j’ai beaucoup aimé Bariloche, petite ville entre lac et montagnes, que les gens considèrent comme la Suisse de Patagonie. J’y ai rencontré des amis de Rodrigo avec lesquels j’aurai partagé un grand nombre de matés et de discussions en bord de feu, quelques jours plus tard. Et puis j’ai enfin eu l’occasion d’utiliser ma tente, achetée à Santiago exprès pour la Patagonie! J’ai retrouvé le plaisir de dormir à proximité de la nature, comme j’en ai tellement pris l’habitude avec les scouts, et comme j’aime tellement vivre mon sommeil. D’ailleurs, ce fut le début d’une période sur matelas de sol au lieu de lit, qui ne s’interromprait qu’une fois arrivée à Buenos Aires, deux semaines plus tard. Génial!

Hitchhiking in Patagonia – Carretera Austral

Après Bariloche, je suis descendue en stop vers El Bolsón, avec Rodrigo (et ses potes ont rejoint peu après). El Bolsón est un charmant petit village hippie au milieu des montagnes, avec un marché d’artisanat trop mignon et une ambiance très tranquille et naturelle. Là, ce furent asado, balade à cheval et après-midi au soleil jusqu’à l’heure de mon départ. De douces heures en compagnie de gens sympa, avant de reprendre la route seule, en repassant du côté chilien. Au total, j’aurai parcouru des centaines de kilomètres en stop et traversé ainsi toute la Patagonie. Mes journées étaient principalement occupées par le déplacement dans les paysages magnifiques de ce qui s’appelle la Carretera Austral, la « Route du Sud » qui trace son chemin à travers le bas du Chili et est une destination de choix de voyageurs en quête de nature.

Carretera Austral

J’ai commencé en campant à Futaleufú, destination très prisée des adeptes de rafting pour ses rivières très agitées. Un peu hors de mon budget, mais à la place j’ai beaucoup apprécié le paysage et le charmant camping au bord de l’eau. C’était aussi un jour de fête folklorique au village, donc j’ai pu assister à quelques festivités telles qu’un marché artisanal (j’adore les marchés artisanaux!) et du chant traditionnel… à cheval! Le lendemain, une maman et son fils m’ont prise en stop à travers les magnifiques paysages de la Carretera Austral. Plusieurs heures de fort intéressante discussion avec cette sociologue de formation tout en longeant des lacs turquoises et des rivières aux intenses nuances de vert émeraude et de bleu roi. Je sens que mon séjour patagonien m’aura rendue très exigeante avec la couleur de mes cours et étendues d’eau, désormais je serai (encore plus) difficile avec les jeux de lumière et couleurs.

Carretera Austral
Carretera Austral

Lumière magique, ciels enchanteurs, lagunes faisant office de miroirs au pied des montagnes, ce serait faire un grotesque raccourci que de comparer les paysages de la Patagonie verte à un décor de carte postale. C’est juste la pure beauté de la nature, et j’ai eu le privilège d’y dormir à même le sol, cœur à cœur et en unisson avec les éléments. Je n’y ai pas fait autant de randonnée que je souhaitais, parce que je voulais descendre et descendre et descendre, mais c’est égal car ce fut merveilleux et cela me suffit ainsi. D’ailleurs mon petit doigt me dit que je n’en ai pas fini avec la Patagonie, que ceci n’était qu’un coup d’essai et que je reviendrai…

Carretera Austral – Cerro Castillo, the « Castle Mountain »
Carretera Austral

Durant ces journées dans le Sud, j’ai pu confirmer le stéréotype des Patagoniens gentils qui aiment les auto-stoppeurs. Ok, je n’ai pas été prise en stop que par des locaux, environ la moitié de mes trajets ont été partagés avec des vacanciers venant, généralement, de Santiago.  Un couple et leur fille, un entrepreneur qui travaille la moitié du temps en Patagonie, une famille joyeuse à moitié composée d’artistes, un fermier du coin, un couple qui habite le village d’à côté, et pour certains parcours des gens qui m’ont embarquée à l’arrière de leur jeep et avec qui je n’ai même pas eu le loisir de discuter, ce qui m’a en échange offert des heures de route au soleil et les cheveux dans le vent, plutôt parfait comme affaire. Une fois, une famille qui m’avait embarquée ainsi que deux autres auto-stoppeurs s’est arrêtée pour un vieux monsieur qui marchait au bord de la route et n’avait même pas demandé à être pris!

Cuevas de Marmol – Lago General Carrera
Cuevas de Marmol, la Capilla (la « Chapelle ») – Lago General Carrera

On a quelques fois été plusieurs à l’arrière et j’ai ainsi fait connaissance avec des voyageurs argentins ou chiliens (plus jeunes que moi) partis sur les routes durant leurs vacances d’été avec quelques balles de jonglage et des cerceaux, se faisant un peu d’argent en route en faisant des tours aux feux rouges. Comme l’aventure semble simple, non? J’ai ainsi parcouru cette route australe du nord au sud jusqu’au lac General Carrera, qui vaut le détour pour ses caves de marbre à visiter en barque. Une petite balade de deux heures, mais plutôt unique en son genre! Je n’avais jamais rien vu de tel auparavant: des rochers et falaises de marbre sculptés par l’eau du lac et créant des espèces de cavernes et reliefs doux semblant parfois meringue, parfois murs de somptueux châteaux – d’ailleurs certains blocs sont prénommés chapelle et cathédrale de marbre, dû à leur forme particulière.

Cuevas de Marmol – Lago General Carrera

Cuevas de Marmol – Lago General Carrera

Ceci fut ma dernière étape chilienne, et je ne repasserais ensuite la frontière chilienne que pour traverser le bras de territoire chilien qu’il est nécessaire de passer pour atteindre l’île de la Terre de Feu, tout au sud. Mon premier contact avec l’Argentine au sortir de la Patagonie chilienne fut le poste de police du village Los Antiguos, non parce qu’on m’a arrêtée mais simplement parce qu’il paraît qu’il était plus simple de faire du stop depuis ce point à la sortie du village, où les policiers arrêtent les voitures pour rendre compte des passages – ne me demandez pas pourquoi. Ce que j’aurai retenu, c’est que sans que je demande rien ils ont rempli mon thermos d’eau chaude pour le maté et m’ont offert quelques kilos de cerises car ils en avaient trop. Quand je vous dis que j’adore l’Argentine! Cette rencontre fut aussi l’occasion de tester ma connaissance des accents, car j’ai en effet très fièrement su reconnaître que l’un des policiers venait de Córdoba, bien plus au nord, là où l’accent est chantant presque comme si l’espagnol était une langue étrangère. Marrant! Et la preuve que je me fais l’oreille avec le temps.

Autostop le long de la Ruta 40, Argentine

J’aimerais pouvoir vous détailler chaque rencontre, chaque auto-stop, chaque gentillesse gratuite, mais mieux vaut s’en tenir à cette image générale de bonté et de simplicité partagée qui m’a totalement séduite. Et finalement j’aurai été tellement immergée dans l’espagnol et parmi les gens de là-bas que j’ai même eu plaisir à rencontrer des français dans un camping, deux couples avec qui on a parlé de voyage et d’aventures, qui me font me dire qu’il y a vraiment myriades de parcours de vies différents (je pense à ce couple de médecins dans la cinquantaine, ayant principalement vécu en Guadeloupe et tout juste commencé leur tour du monde par une excursion en Antarctique, remontant la Patagonie en tente et voiture). Ça donne envie, alors même que j’étais moi-même déjà en voyage!

Autostop le long de la Ruta 40, Argentine – « Guanacos », de la famille du lama
Autostop vers El Chaltén, Argentine

Autrement, je me dois de dédier une mention spéciale à ce couple de Rio Gallegos qui est revenu en arrière 15 minutes après m’avoir dépassée, ayant eu pitié de moi qui faisait du stop dans le désert où pas un chat ne passait. Et non seulement ils ont fait cela, mais ils ont également fait un détour de 200km pour ne pas me laisser à un autre croisement désertique, mais s’assurant que j’étais bien arrivée au village d’El Chalten et ne me déposant qu’une fois y avoir trouvé un camping où je pourrais passer la nuit. Tellement fou, sachant que des heures et des heures de route les attendaient encore pour arriver chez eux et que je n’avais rien demandé ni même insinué! Des anges, rien à ajouter. Tellement chou… J’espère être moi aussi ainsi, les fois où la vie me présente pareilles situations.

Fitz Roy – Laguna de las Tres
Près du Fitz Roy, c’est quoi comme oiseau?

El Chalten est un village proche du célèbre massif du Fitz Roy, le long de la Cordillère mais côté argentin. Comme à chaque fois que l’on se rapproche de la chaîne de montagnes, les paysages se font plus dramatiques et bien plus verts, on oublie vite les étendues désertiques qui gisent à quelques centaines de kilomètres seulement. Là, j’ai enfin réenfilé mes chaussures de marche pour aller découvrir le splendide, magnifique scénario de la Laguna de las Tres. Une journée de marche plutôt tranquille avec un dernier kilomètre de forte pente, dont la récompense est une vue imprenable sur un glacier se jetant dans un lac des plus turquoises qu’il soit, lui-même entouré par plusieurs pics en forme de tours s’élançant vers le ciel. Journée bénie par un soleil bienvenu, j’ai probablement mangé mon pique-nique face à l’un des plus beaux paysages de ma vie.

Fitz Roy – Laguna de las Tres
Fitz Roy

Ce faisant, j’ai rencontré Sullilay, de Puerto Montt, elle aussi en vadrouille à travers la Patagonie. On est restées 2h à contempler ce cadeau de la nature, chaque instant plus merveilleux. Sullilay fut une super compagne de rando pour un jour, avec qui on a beaucoup ri d’avoir réussi à se perdre malgré les chemins ultra indiqués, ajoutant ainsi 10km de joyeux bavardage à notre marche du jour. Tant de nature, tant d’air frais, que de plaisir pour les jambes! Sur le moment ça m’a bien fatigué les pieds, mais j’ai absolument adoré!! Le soir même, je me suis endormie au son des joyeux chants argentins accompagnés d’accords de guitare, entonnés par les nombreux autres campeurs de passage par El Chalten. J’adore, j’adore, j’adore l’Argentine! Tant de partage, de moments d’échange amicaux, tant de maté, et tant de musique. Quel pays!

Perito Moreno

L’étape suivante était l’une des destinations qui était au fil du voyage devenue une sorte de rêve, que je ne connaissais pas vraiment avant de venir, et que j’avais compris devoir absolument voir à force d’entendre les récits d’autres voyageurs: le glacier Perito Moreno, dans le parc national Los Glaciares, près du village El Calafate. Là encore, la visite fut l’occasion d’une rencontre mémorable. Un père et son fils m’ont prise en auto-stop jusqu’au parc, et nous avons fini par passer toute la journée ensemble, après avoir compris que nous étions tous trois d’intenses mordus de la nature. Quelle journée inoubliable!! La découverte de cet énorme géant de glace se jetant dans un lac, et étant le seul glacier de Patagonie et l’un de rares au monde qui continue à avancer, figure parmi les moments les plus spectaculaires de ma vie. On s’approche du glacier par différents chemins, nous avons choisi de suivre le plus long et de profiter le plus lentement possible de la vision enchanteresse qui nous était offerte par les éléments et des siècles d’histoire géologique.

Perito Moreno
Bleu Absolu

Le père étant prof de sciences naturelles et passionné par la cartographie et la géographie, et son fils médecin et amateur de pêche, nous avons passé une extrêmement intéressante et ressourçante journée de discussion, échange, mais aussi silence et méditation face à la masse de glace pure. Alors que pas mal de touristes restent quelques heures sur le site et repartent, nous avons passé sept heures à contempler la nature brute, et attendre que certains blocs de glace se détachent de l’ensemble, pour tomber dans l’eau en se fracassant dans un bruit de tonnerre. C’est génial comme on s’est compris, on était en symbiose tous les trois, à n’avoir pas envie de partir mais de profiter au maximum de cette beauté blanche et imposante, spectacle de la nature à jamais gravé dans nos rétines. Le Perito Moreno est impressionnant esthétiquement, mais aussi géologiquement: le front glaciaire mesure 5000m de long et une soixantaine de mètres de haut, parfois même 80m! L’ensemble du glacier a une surface de 250km carrés et une longueur de 30km, et il avance de 2m par jour, environ 700m par an.

BOUM
Enorme Perito Moreno – regardez les deux petits oiseaux presque au milieu!

Ce qui est rigolo est qu’El Calafate se trouva être un lieu de rencontres inattendu. Je savais que des amis de la partie péruvienne de mon voyage était dans les environs à cette période, mais il s’avéra que tant Gaétan, avec qui j’ai visité l’Amazonie en barque en décembre, que Preston, qui a vécu avec moi l’aventure du Salkantay Trek et du Machu Picchu, étaient à El Calafate les jours où j’y étais. C’est pas fou ça? Bon, vu comme les voyages sont tous ponctués d’anecdotes du genre, c’est pas si fou que ça en fait. N’empêche, ça fait une sacrée impression et je trouve ça juste génial! J’ai donc saisi l’occasion de ce carrefour de rencontres pour prouver mon intégration dans la culture argentine: j’ai initié un asado improvisé à mon camping, auquel nous avons convié tous les voisins de tente, créant ainsi de nouveaux liens puisque Gaëtan et sa pote continueraient ensuite leur route avec des gars rencontrés ce soir-là lors de notre grillade.

Perito Moreno
Perito Moreno

En bonne scoute, je me suis occupée du feu (…et reçu des commentaires pour être la seule fille et malgré tout celle qui allumait le feu!), et en bonne française de sang je me suis assurée qu’on aurait assez de vin pour accompagner l’excellente viande. Cette soirée fut une succession de rires, savoureux parfums et rencontres culturelles (des israéliens, des américains, des français, un brésilien, un belge… une suisse!). Le lendemain, après la journée de visite du glacier, j’ai revu mon Breton Gaétan une dernière fois avant notre prochaine rencontre (quelque part en France ou ailleurs en Europe, une fois). Il m’a rejointe au restaurant où j’avais mangé avec mes nouveaux amis amoureux de la nature, et ensemble on a un peu refait le monde, un peu élargi ma culture rock – on m’a notamment fait découvrir l’immense artiste « Sumo », cher au cœur de tant d’Argentins mordus de rock: un fils de noble famille mi-italien mi-écossais, arrivé en Argentine et y étant resté car elle l’avait touché, y ayant lancé son groupe de rock qui est devenu un immense succès national. Bref, que de bons moments.

Perito Moreno – magie bleue et blanche

Finalement, la dernière étape vraiment sauvage de mes près de 6 mois de voyage fut la Terre de Feu, au bout du monde (ainsi l’appelle les locaux). Si on observe la carte, il semble que l’ensemble de mon voyage m’y portait, parce que j’ai pris contact avec la Cordillère des Andes tout au nord, en Colombie, et en ai ensuite fidèlement suivi le tracé, valsant de l’est à l’ouest de la chaîne montagneuse que les Fueguinos (habitants de la Terre de Feu) aiment appeler la colonne vertébrale de la planète – et ils disent que leur île en est le coccyx, le centre d’énergie résonnant de façon particulière sur les êtres qui y vivent ou passent.

La Fin du Monde – Terre de Feu

À Ushuaia m’attendait Sofia, communément appelé la Chofa, une amie de Rodrigo dont il m’avait dit qu’elle vivait dans une espèce de communauté au sud et qu’elle m’accueillait volontiers pour les quelques jours que je prévoyais de passer là-bas avant mon vol pour Buenos Aires. Là encore, les événements m’ont souri car, alors qu’Ushuaia n’est sincèrement pas la ville la plus attrayante du continent, Chofa vit en fait dans les bois, dans les hauteurs en-dessus de la ville. Il s’agit d’une communauté auto-gérée dont les membres construisent leurs maisons sous forme de cabanes assez rudimentaires et vivent en contact direct avec la nature, formant également une coopérative socio-culturelle. Le projet en est encore à ses débuts, mais ils ont déjà un camping gratuit et l’électricité, même si l’accès à l’eau courante et à des toilettes est encore en cours d’élaboration.

La Fin du Monde – Terre de Feu

Mon séjour au bout du monde a commencé par une hilarante soirée karaoké, vin et gâteau au chocolat. Je suis toujours aussi touchée par la façon dont les Argentins m’accueillent immédiatement comme si on se connaissait depuis longtemps; encore une fois je trouve des traits italiens à cette culture qui me plait tant. Nous sommes ensuite montés à la montagne et j’y ai installé ma tente pour plusieurs nuits, première fois depuis un moment que je m’arrêtais vraiment quelque part, et ça m’a fait du bien. J’ai adoré les différentes personnes que j’ai connues là-bas et avec lesquelles j’ai partagé ces quelques jours entre discussion sur la vie, soirée séries sur l’ordi, repas sur le feu, petits déjeuners au soleil accompagnés d’un bon maté, ou encore nuit de danse dans les bois après une fête d’anniversaire.

Arc-en-ciel au-dessus d’Ushuaia – Terre de Feu
Forêt enchantée – Terre de Feu

Ambiance particulière sur la Terre de Feu,* où en été 22:30 paraissent être 18:30 (mais où il fait nuit presque tout le jour en hiver, argh!), et où la forêt est recouverte d’un lichen turquoise clair donnant une impression de bois enchanté dont les troncs fins semblent danser et s’entrelacer, rendant les chemins méconnaissables de nuit mais le lieu assez magique en général. Un jour, mon ami Preston, qui était décidément encore de passage là où j’étais, nous a rejoint pour une rando au sommet d’un des pics environnants, qui nous a offert une vue sur la mer du bout du monde et sur Ushuaia. Nous nous sommes assis au plus haut de la montagne que l’on venait de grimper et avons fait le plein du vent du sud qui se donnait à cœur joie et nous a probablement rajeuni de quelques années au passage.

*Qui serait mieux baptisée Terre du Vent à vrai dire… elle n’est pas particulièrement volcanique ni sujette aux feux de forêt, mais a reçu ce nom en raison des feux qu’allumaient les indigènes à l’époque de sa découverte

Bain dans la mer du sud, Fin du Monde – Terre de Feu
Vie sauvage

Le lendemain, nous avons opté pour un programme plus tranquille, consistant en une promenade au parc national, le long de la côte passant notamment par l’unité postale la plus australe au monde. Eau claire, moules bleues et violettes, cailloux ronds et multicolores, je n’ai pas pu résister, il fallait que je me baigne dans la mer la plus au sud de ma vie! Je sais désormais que l’eau y est moins froide que dans un lac d’altitude comme celui à 4500m au Pérou. On a profité du beau temps pour pratiquer un peu de yoga, partager un incontournable maté, et admirer la vue sur la Cordillère (encore elle, oui). Relaxant, paisible, simplement beau. Et puis voilà, il était temps de repartir et continuer ma route, Buenos Aires et ses charmes, mais surtout une visite presque surprise  m’attendaient!

Photos!

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Pour des photos des Cuevas de Marmol et du Fitz Roy, clique ici

Pour des photos du Perito Moreno et d’Ushuaia, clique ici

Terre de Feu

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