*rumba = fête

La frontière est passée, il y a de nouveaux tampons dans mon passeport (sortie de Colombie, entrée et sortie d’Équateur, entrée au Pérou), et je suis maintenant hors des terres que j’ai tant chéries. La Colombie m’a immédiatement manqué! Je suis véritablement tombée amoureuse de ce pays fantastique, comme je prédisais en rigolant quand on me demandait quels seraient mes plans de voyage. J’ai fini par me décider à sortir sans avoir vu tout ce qui m’attirait, car tout couvrir nécessiterait l’ensemble de mon temps de voyage et j’ai tout de même envie de découvrir d’autres pays. Je suis donc passée en Equateur, puis arrivée au Pérou. Les derniers jours en Colombie ont été à la hauteur de mes espérances, une belle manière de saluer le pays…

Après mon séjour à Minca, j’ai salué Jeronimo et Margot et suis partie vers la région de Santander, à Bucaramanga pour être exacte. Là-bas vivent les parents d’un ami colombien rencontré en Indonésie et vivant maintenant à Berlin, Diego. Diego a été un fantastique agent de voyage informel durant tout mon séjour dans son pays, me demandant régulièrement où j’étais, comment ça se passait et me donnant des conseils pour la suite. Il a de cette manière fait honneur à son peuple, que je n’ai toujours rencontré que préoccupé par l’image que j’aurais du pays, des gens, de la nourriture. On dit beaucoup des Colombiens qu’ils sont extrêmement gentils, et je l’ai constaté durant les 7 semaines que j’ai passées sur leur territoire (au lieu des 4 initialement prévues). Toujours soulagés qu’il ne me soit rien arrivé de mal, et tellement heureux que la Colombie me plaise! Vraiment des gens adorables, et Diego fut un excellent ambassadeur à distance.

Ses parents, extrêmement attentionnés et chaleureux, m’ont donc accueillie dans leur maison et traitée comme leur hôte de marque, alors même que (ou d’autant plus parce que) je suis tombée malade. Rien de grave, probablement surtout mon corps qui me disait de m’arrêter un peu et de le laisser se reposer. Nous avons tout de même eu le temps de visiter le canyon de Chicamocha avant que je ne puisse plus aller de l’avant. Ce canyon, j’ai appris par après, est plus profond que le Grand Canyon américain (2km contre 800m, mais le Grand Canyon est environ 2x plus long). Il s’étend sur 227km de long et 108’000 hectares, et est l’une des icônes de la géographie colombienne d’après le papa de Diego (d’ailleurs tant le père que le fils sont très fiers de leur région, c’est vraiment mignon). Quelle chance j’ai eu d’avoir le temps de le voir! Nous avons pris un téléphérique pour le survoler et arriver à un superbe point de vue à 360 degrés, puis avons dû rentrer car je n’étais pas très en forme.

Mes hôtes ont été aux petits soins avec moi, m’intimant au repos et me forçant à me nourrir avant d’être sûrs qu’ils pouvaient me laisser prendre le bus de retour pour Bogotá. Le voyage fut long mais confortable, et une fois à la capitale je suis retournée chez mon amie Alex. C’était étrangement familier et agréable de retourner dans cet appartement et dans cette ville d’où tout avait commencé, après plusieurs semaines en déplacement! Un peu comme de retrouver ses repères quand on rentre à la maison. J’y étais à nouveau, cette fois la tête pleine d’histoires, de paysages, de nouveaux amis, et armée d’une connaissance du pays qui me manquait au début. J’y ai aussi retrouvé Margot! Qui y passait le week-end avant de rentrer en Belgique. Ensemble, on s’est baladées dans cette ville qu’on connaissait toutes deux déjà un peu, et on a passé quelques derniers moments vraiment chouettes, à profiter de la complicité qui était née ces dernières semaines et nous fera nous revoir… en Europe!

On a eu de la chance: ce samedi soir-là il y avait la « Salsa al Parque », un petit festival de concerts de salsa sur la place principale, une manière pour la ville de nous dire, ou plutôt de nous danser au revoir, je trouve. Quelle expérience de se retrouver avec tous ces gens, dansant et chantant en plein air, connaissant les paroles de chaque chanson et se mouvant gracieusement sur leurs mélodies! Cette culture musicale colombienne fait clairement partie de ce qui me manque le plus en Suisse: la danse, qui est un rapport particulier à la musique! Superbe moment. La soirée a continué sur le même ton, car Alexandra m’a emmenée à Gaira, un bar au nord de la ville qui appartient à Carlos Vives, grand chanteur de salsa venant de Barranquilla (il chante avec Shakira dans Bicicleta, la chanson de l’été, voire ma playlist dans l’article précédent). Musique live toute la soirée, et des heures de danse, du pur bonheur! Dansant dans ce club sur ces rythmes joyeux je me suis dit que quand je danse, je suis à ma place, et que, vraiment, en Colombie je me sens bien. Je la vois un peu comme mon second pays de coeur maintenant, je crois (juste après l’Italie, tout de même irremplaçable… et l’Indonésie et l’Irlande suivent pas loin après).


Comme cette atmosphère de salsa me plaisait, j’ai décidé de sortir du pays en passant par l’incontournable: Cali, la capitale auto-déclarée* de la salsa. Je n’y suis restée qu’une nuit et deux jours, mais ce fut assez pour prendre quelques cours et aller pratiquer durant une soirée. Autant dire que là où d’habitude je me sens très à l’aise, « chez moi » sur le dancefloor, prendre des cours avec une professionnelle qui observe mes pas avec un regard critique m’a donné l’impression d’être une grosse baleine privée de capacités psychomotrices de base! Mais c’était bien, bien d’avoir une fois quelques notions théoriques et quelqu’un qui me juge (ça vous surprend que les sudaméricains ne soient pas très critiques quand ils font danser une fille? Moi non plus). Le soir on est sortis avec ceux de l’hôtel et ce fut aussi fort chouette, cool musique et des locaux (« les meilleurs danseurs de Colombie ») pour nous faire virevolter! D’ailleurs la salsa « caleña » (de Cali) est particulière, différente de la cubaine ou de la caribéenne… et ils maîtrisent l’affaire, bon sang! Les Colombiens ont vraiment ça dans le sang, et c’est beau à voir quand ils dansent ensemble. D’ailleurs je ne vous avais pas raconté mais une fois sur la côte des Caraïbes on m’a même fait danser la fameuse lambada. Génialissime!
*ce détail me fait beaucoup rire, mais la psychologie a fonctionné et tous les colombiens voient cette ville comme telle

Juste à la frontière, il y a une petite ville nommée Ipiales, remarquable pour une chose seulement: sa superbe église Las Lajas, posée sur un pont, à flanc de falaise. Trop belle! Après cette courte visite il était déjà temps de passer la frontière, passage qui s’est fait à pieds en traversant un pont entre les deux services d’immigration, amusant et pas commun. Puis, j’ai donc passé quelques jours en Équateur, dont j’ai tant de fois entendu grand bien – en gros il a la même variété que la Colombie, mais sur un territoire plus restreint où tout est plus accessible, et de belles montagnes, ainsi que les enchanteurs Galapagos. Face à cette liste je ne cesse de me redemander pourquoi je ne visite pas le pays moi-même, mais bien sûr je connais la réponse. Parce que j’ai passé plus de temps que prévu en Colombie, que je veux voir le Pérou, et que je n’avais pas inclus l’Equateur à ma liste de destinations avant de partir. Eh oui, on peut voyager six mois et manquer de temps. En fait c’est ce qui arrive à tout le monde ici, mais c’est inévitable. Plus on en voit et plus on veut en voir; il faut apprendre à accepter que tout n’est pas possible, et que ce qui compte c’est ce qu’on voit, pas ce qu’on manque.

De l’Equateur je n’aurai donc vu que Quito, la capitale, et Cuenca, une grande ville plus au sud. En trois trajets de bus de nuit j’aurai traversé le pays pour rejoindre le Pérou! Ainsi j’aurai eu une minuscule expérience du pays, essentiellement urbaine. Pas extrêmement différent de la Colombie à première vue, villes au centre colonial, gens très sympa et un peu plus d’indigènes dans les rues (souvent vendeurs de fruits ou de gadgets). Voyageant de nuit pour épargner des nuits à l’hôtel, j’aurai même manqué les beaux paysages volcaniques équatoriens. Et c’est étrange d’être dans un pays sans apprendre à le connaître, les noms des régions ou villes importantes, des destinations de choix, les différences régionales, la nourriture ou l’accent. Ça ne me plaît pas tant de voyager comme ça, je passe à côté de trop de choses. Je reviendrai, mieux!

Par contre, la Colombie, j’ai bien appris à la connaître… j’ai tant à vous raconter! Pour commencer, qui sont les Colombiens? Un gros cocktail dû à leur histoire: il y a des indigènes qui étaient là avant tout le monde, des noirs qui sont descendants d’esclaves importés d’Afrique (comme aux États-Unis), et des plus blancs qui sont métisses espagnols/noirs ou espagnols/indigènes (de nos jours, il n’y a plus d’espagnols juste espagnols). Les indigènes vivent particulièrement plus dans certaines régions spécifiques (comme l’Amazonie ou la Guajira), alors que les noirs sont plutôt sur la côte pacifique et caribéenne, il y en a notamment proportionnellement beaucoup à Cartagena. Bien sûr, vous devinez quelles zones sont plus pauvres et moins développées – celles où ces groupes ont tendance à vivre.

Ensuite, une remarque que j’ai entendue à répétition est que « les Colombiens sont très différents d’une région à l’autre »… tiens… j’ai déjà entendu ça quelque part (en Italie – mais en fait dans beaucoup d’autres pays aussi, pensez à la Grande-Bretagne, à l’Espagne, à l’Indonésie, à la France, à la Suisse, etc etc). Mais ils y tiennent, on me l’a dir très souvent! En gros, les Antioquiais (département de Medellin) seraient travailleurs et honnêtes, ceux du département de Bogotá ne seraient pas très directs, au contraire des Santanderiens (département de Bucaramanga) qui sont très/trop francs. Et bien sûr, vu que les costeños (ceux de la côte) sont un peu des Italiens du sud, les mêmes préjugés leur collent à la peau: ils seraient flemmards mais plus joyeux et ouverts, influence du soleil qui baigne leur région. Chacun a aussi son accent, plus chantant au nord notamment, et l’on dit que c’est à Medellin que l’accent est le plus charmant.

Je ne vais pas vous assommer avec des données économiques, mais juste pour vous donner une idée voila quelques infos: en 2002, près de 50% de la population se situait en-dessous de la limite de pauvreté, alors que l’an passé ils n’étaient plus que 27,8%. Quant au chômage au niveau national, il est passé de 10,8% à 8,9% entre 2011 et 2015. Le salaire moyen national est d’environ 555’000 pesos (presque 200 US$), et c’est à Bogotá que le salaire moyen est le plus élevé: environ 890’000 pesos (presque 300 US$). La population est divisée administrativement en strates sociales allant de 1 à 6, et cette classification (dépendant notamment du quartier d’habitation) détermine par exemple le montant des factures d’eau et électricité, ou permet l’accès gratuit à certains musées aux strates les plus pauvres (de 1 à 3). C’est un système particulier dont je n’avais jamais entendu parler avant, et je ne suis pas très sûre quant à ce que j’en pense. Il me semble intéressant, bien qu’il ait ses faiblesses (on m’a par exemple reporté que les classes les plus basses, ne payant pas ou très peu pour certains bien, les gaspillent par ignorance, ou que la classe 6 regroupe des gens bien trop différents pour que le système soit juste, les riches, très riches et extrêmement riches payant les mêmes types de facture, ce qui est bien sûr assez peu juste). C’est à Cartagena que l’on trouve la strate 1 la plus ample (36,7% de la population de la ville), et à Bogotá la plus réduite (6,9%).
(source de tout ça)

On dit de Cartagena que c’est la ville la plus inégale de Colombie, et que la côte est en général est plus inégale que le reste du pays. Et en effet, cela m’a pas mal frappée. Je vous ai déjà parlé des Wayuu dans le désert de la Guajira, mais ce ne fut pas mon seul contact avec une forte pauvreté. A Cartagena, j’ai pris un bus de la gare au centre, et ce furent une quarantaine de minutes de désolation. Ce ne fut pas la pauvreté la plus extrême à laquelle j’aie été confrontée dans ma vie, mais il m’apparut très clair que la « vraie » Cartagena ne serait pas celle qu’il me serait donné de visiter. La vie des gens à Cartagena est en majorité une vie de peu de moyens, mais le centre est un petit joyau où résident les privilégiés; et les touristes ne voient bien sûr que le centre (depuis l’aéroport on arrive d’ailleurs très vite au centre, sans passer par la banlieue pauvre que j’ai traversée). D’ailleurs autre observation: banlieue essentiellement noire et centre principalement blanc. Vraiment impressionnant. N’oubliez donc pas, quand vous voyez mes photos esthétiques de la Colombie (et d’ailleurs), que vous ne voyez qu’une portion de la réalité. Derrière le cliché il y a ce qu’on me montre pas, et ce n’est parfois qu’une question de cadrage. Je m’étais promis de ne pas oublier ces pauvres que je voyais, je pensais que leur image prendrait le dessus sur ce que je verrais de Cartagena. Mais plusieurs jours à me balader au centre ont évidemment estompé la forte impression que m’avait fait le premier contact avec la ville. On les voit peu, on les oublie vite. C’est plus pratique d’ailleurs, sinon il faudrait vraiment se confronter au sentiment de culpabilité qui nous habite quand on voit comment ils vivent, il faudrait qu’on s’observe, classe moyenne aisée en visite dans ce qu’elle veut voir de leur pays. C’est toujours particulier et c’est la profonde injustice de la vie réelle. Voyager, c’est aussi ça.

Sans transition, parce qu’il n’y a rien à ajouter, quelques petites choses en vrac que je voulais vous raconter…
- La sécurité est presque aussi relative en Colombie que je l’avais constaté en Indonésie: pas de ceinture dans les taxis, s’asseoir ou rester debout à l’arrière d’une jeep sur-pleine, insister pour avoir un casque quand on monte à moto, et… ça y est, j’ai expérimenté le trajet à trois sur une moto!
- Quand il fait chaud, beaucoup d’hommes Colombiens aiment… s’aérer le ventre en levant leur t-shirt (comme en Indonésie). Grande classe.
- Les Colombiens raffolent de leur alcool national, l’aguardiente, à base d’anis. Donc comme je n’aime ni le pastis ni l’ouzo… j’ai goûté hein, mais très peu pour moi merci. Les gens ne buvaient que ça lors du festival Salsa al Parque à Bogotá. Et parmi ceux qui ne buvaient pas… Margot et moi sommes restées très stupéfaites non seulement de voir des gars sniffer de la coke en public, mais aussi qu’ils nous en proposent! (on a refusé)
- La plus forte manifestation de religiosité que j’aie observée chez les Colombiens est dans les transports. Assez standard: ils se signent au début d’un trajet. Beaucoup plus amusant: un homme qui faisait le prédicateur à (très) haute voix dans l’avion avant le décollage du vol pour San Andrés, qui me paraissait plus désaxé qu’autre chose et importunant probablement un peu les autres passagers. Sauf que quand il a terminé sa prière, tout le monde a répété après lui « qu’il en aille selon la volonté de Dieu » et s’est signé (ok pas tout le monde mais je pense plus de la moitié). Trop drôle mais étrange, vraiment.
- La musique est vraiment omniprésente dans ce pays « alegre » (joyeux), des devantures de magasins aux bus et aux restaurants, un ami disait une fois que l’homme le plus riche de Colombie est probablement vendeur de haut-parleurs! Salsa ou merengue sont des styles que l’on connaît plus ou moins à travers le monde, ainsi que le rythmé reggaeton. Je vous ai déjà parlé de la champeta, cette musique de la côte aux origines africaines, et pour compléter le tableau il faut encore ajouter le vallenato (prononcé « baïlénato »), traditionnel colombien dont la capitale est Valledupar, au nord, et qui se joue notamment avec un accordéon. Revoici le lien à ma playlist de la dernière fois, où vous trouvez un peu de tout ça (mais je sais que ce n’est pas une liste exhaustive de ce que la Colombie a à offrir, juste ce que j’ai repéré et entendu).
- On a beau m’avoir souvent répété que mon nom est beau, il n’est ma foi pas très pratique quand je parle avec des non-francophones (souvent, donc). J’aime bien répéter que mes parents n’avaient pas prévu que je me balade à travers le monde et les langues quand ils ont choisi comment m’appeler! J’ai fini par renoncer à expliquer 10x/jour l’étrange prononciation (pour qui ne parle pas français) de mon prénom et, refusant qu’on m’appelle « Outhe », j’ai choisi pour ces quelques mois de voyage l’alias « Aurora », que les Sudaméricains n’ont jamais besoin de me faire répéter! Il n’a évidemment pas fallu longtemps pour qu’on m’appelle Aurorita.

Revenons-en à la Colombie. Une chose qui m’a fait plaisir a été de constater, en lisant l’histoire du pays dans un espèce de laid manuel d’histoire illustrée, que j’ai accompli un tour d’horizon relativement complet du pays. En effet, non seulement je sais placer sur la carte mais j’ai souvent carrément été dans nombre de lieux qui apparaissent à travers l’histoire et que mon livre citait! De Santa Marta, première ville fondée par des Européens sur le continent, au pont de Boyaca où s’est disputée la bataille finale de la libération du pays entre les espagnols et les colombiens, aidés par l’armée anglaise (alors ennemie du royaume espagnol), en passant par les chefs libéraux exécutés à Cartagena lors de la guerre civile, le cartel de la drogue d’Escobar à Medellin, les multiples statues de Simon Bolivar (vénézuélien) et du général Santander (colombien), libérateurs du pays du joug européen, et une cité perdue datant d’avant l’arrivée espagnole, j’ai un peu parcouru le temps et l’histoire en prenant des bus.
D’abord le pays était peuplé d’indigènes, puis les Espagnols l’ont conquise en 1499 et ont exterminé ceux d’entre eux qui résistaient, avant d’importer des esclaves d’Afrique pour travailler dans les champs de bananes et les mines. Plus tard, le royaume d’Espagne taxant toujours plus pour financer ses guerres, les colons se sont battus pour leur indépendance et, libérés avec l’aide de Bolivar, ont fondé leur propre pays en 1819. Ensuite, la Colombie fut déchirée par une succession de guerres intestines entre les conservateurs et les libéraux, ou encore les partisans de la centralisation contre ceux qui préféraient le fédéralisme (on en a un aperçu dans « Cent Ans de Solitude », le livre de Gabriel Garcia Marquez). Les violences du XXe siècle liées à la guerilla et aux paramilitaires sont une continuation de cette lutte, et à tout ce méli-mélo s’ajoute encore, dès les années 60 environ, la production (et le trafic) de drogue, et le pouvoir des cartels qui va avec. Feuilleter ce livre fut un peu comme de voyager dans mes souvenirs, d’autant plus parce que j’avais déjà, à force de discussions et visites, réussi à me former une idée générale assez correcte de l’histoire colombienne. Une parfaite cerise sur le gâteau de mes deux premiers mois de voyage. J’ai l’impression que je ne ferai pas autant connaissance avec et ne tomberai pas autant amoureuse d’autres pays durant ces six mois, mais l’avenir nous le dira…

Je conclus avec un petit bilan de fin de Colombie…
Ce que j’ai plutôt bien géré:
- l’espagnol – le pratiquer régulièrement et m’améliorer
- ne pas être trop frustrée par mes plans de voyage – j’ai vraiment suivi mes désirs et adapté mon trajet au fil des envies, d’où la période prolongée en Colombie, mais tout de même pas au point de devoir complètement sauter d’autres pays que je souhaite voir
- tenir ce blog plus ou moins à jour (quoique ce soit de plus en plus difficile d’être régulière)
Là où je me suis un peu plantée:
- ne pas perdre mes affaires (je suis une catastrophe! Bien plus que je n’aurais jamais cru!) – j’ai perdu mes lunettes de soleil, mon linge, et… ma liseuse. Vous n’imaginez pas comme je suis fâchée avec moi-même
- j’aurais voulu bien plus danser et profiter de cet aspect de la Colombie
- ne pas jeter le papier toilette dans la toilette mais dans une poubelle – c’est nécessaire ici pour éviter d’engorger tout le système de tuyauterie, mais plus de la moitié du temps mes habitudes de toute une vie prennent le dessus, je suis nulle!

Ce dont je vous parlerai dans un prochain post: le nord du Pérou avec la plage à Máncora, les ruines chacha et incas à Kuélap, la superbe cascade de Gocta près de Chachapoyas
Où je suis maintenant: j’ai écrit ce post dans un bus en Equateur puis dans un hamac en bateau sur une rivière me menant vers le poumon de la terre, dans la jungle amazonienne, où je me suis enfoncée pour quelques jours, et je l’ai terminé dans un cybercafé à Tarapoto
Prochaines étapes: l’Amazonie (!), Trujillo et sa pyramide pré-inca, Huaraz et son temple Chavin de Huantar ainsi que la Cordillera Blanca (éventuellement le trek de Santa Cruz pour monter en altitude), Lima, Cuzco avec le Machu Picchu et la vallée sacrée. Mais le temps se réduit comme peau de chagrin, car je dois m’assurer d’être à Santa Cruz en Bolivie le 26 décembre, pour y retrouver mon Emanuele, et bien qu’il y ait encore tellement que je veuille voir au Pérou il se peut que je ne parvienne même pas à voir ce dont je vous ai parlé!
