A l’aventure au Guatemala!

5 ans après être revenue d’Amérique latine, je suis enfin de retour sur les routes du continent. L’aventure m’avait manqué!

Happy potato

Cette fois, c’est vers l’Amérique centrale que s’est dirigé mon regard, car je voulais découvrir quelque chose de nouveau. Le hasard des recommandations d’ami-es voyageureuses m’a poussée à partir au Guatemala, faisant fi des avertissements du DFAE. C’est pour certain-es le plus beau pays qu’iels aient vu, ce n’est quand même pas rien! Il faut toujours se fier aux recommandations des personnes qui voyagent, elles cherchent la beauté et l’authenticité et sont généralement de très bon conseil. C’est comme ça que tout un tas de personne part à l’aventure: sans rien réserver ou préparer en avance, sachant qu’à peine il y aura contact avec d’autres, les bons plans vont fuser et le voyage va nous porter aux bons endroits.

Errance dans les stations de métro new-yorkaises

Ce voyage a commencé avec un pari: ayant acheté mon billet un peu tard, skyscanner m’avait prévu un sympathique petit changement d’aéroport à New York, en rien de moins que 4h30 pour traverser la ville. Autant dire que je disais que tant que je ne serai pas au Guatemala, je n’y croirais pas, mais aussi que se retrouver bloquée é New York n’était pas une perspective si terrible. Le taxi coûtant 200 $ et ne garantissant pas d’arrivée à temps en cas de trafic, le pari était d’arriver à l’heure au deuxième aéroport en ne prenant que les transports publics, ce qui comportait tout de même 4 ou 5 correspondances ! Je vous passe le passage des douanes en sautant la file d’attente, la récupération de mon gros sac, les changements de correspondances peu claires et les machines à ticket parfois introuvables, j’ai même fini le dernier bout en taxi en m’arrêtant encore à un bancomat en route. Rien à faire, je suis arrivée avec 10 minutes de retard pour l’enregistrement des bagages et je n’ai pas pu prendre ce vol. Par contre, les employé-es au guichet de la compagnie furent sympa et j’ai eu de la chance qu’iels aient du temps, car ils m’ont mise gratuitement sur le vol suivant, à la même heure le lendemain.

Quartier résidentiel du New Jersey

New York est chère et j’étais dans le New Jersey, sans aucune envie de courir le lendemain. J’ai réservé la chambre à la fois la moins chère et la plus proche de l’aéroport (90$!). Commentaire de la serveuse au bar quand j’ai demandé si le coin était sûr : “it’s not as bad as they say” (c’est pas aussi terrible qu’on le dit)… Bon à savoir! Ce fut donc une expérience d’immersion assez fascinante, étant presque la seule blanche 1 dans le paysage local, mais je ne peux pas dire que je sois passée inaperçue quand j’ai été commander du fried chicken dans le seul coin encore ouvert de nuit, blanche rosâtre parmi les habitué-es noir-es. J’avoue m’être retrouvée un peu hors de ma zone de confort, mais il faut aussi souligner que les quelques personnes avec qui j’ai parlé étaient très sympa et serviables et que je n’ai eu aucun problème. Très rigolo de parler espagnol aux vendeuses dans les magasins!

Repas glamour aux USA

Ma chambre n’était accessible qu’en appelant le proprio et elle était crouille, mais le fried chicken posée sur le lit devant la télé au milieu de la nuit avait une saveur d’authenticité états-unienne qui n’a pas manqué de me faire sourire. Le lendemain, départ sans encombre, ayant même été amenée à l’aéroport par le proprio de l’hôtel qui avait un moment de libre et auquel j’avais juste demandé de m’appeler un taxi! J’ai servi de traductrice à une riche héritière brésilienne ne pipant pas un mot d’anglais et ayant besoin de s’épancher sur sa rupture digne d’une telenovela, puis j’ai enfin pu prendre mon vol. Je partais pour Guate!

Le premier de nombreux différents lits pour les semaines à venir, le bonheur!
Premier “hostel” (auberge de jeunesse)

Ciudad de Guatemala, la capitale, n’est ni très recommandable ni très recommandée, aussi je l’ai quittée dès le lendemain, en compagnie dune allemande. Nous avons pris les mêmes bus que les locaux et étions les seules étrangères (les touristes se déplacent en shuttles organisés par des agences, plus rapides et prévisibles mais aussi pas mal plus chers). Ce sont toujours des moments passionnants, voir les gens interagir entre elleux dans leur environnement, où nous ne sommes que des hôtes, silencieuses observatrices gourmandes d’authenticité. Les bus locaux sont de magnifiques anciens bus scolaires états-uniens, superbement repeints de plein de couleurs et décorés à la mode guatémaltèque.

Les incroyables bus guatémaltèques!

Prendre le bus est comme toujours toute une expérience, mais une parmi celles que je préfère! Il y a toujours un chauffeur et une sorte de coordinateur, qui s’assure que tu montes dans le bus correct (en criant à tue-tête la destination de son véhicule ou en te renvoyant vers le bon) et récolte le prix des tickets dans une liasse de billets qu’il tient à la main en passant entre les sièges vers la fin du trajet. Un chauffeur de taxi de la capitale m’avait prévenue que ces trajets sont dangereux, mais comme j’ai pu m’en rendre compte ainsi que d’autres personnes voyageant comme moi, ce n’est pas le cas. Au contraire, il y a presque chaque fois un-e local-e qui nous prend sous son aile, nous prévient quand notre arrêt s’approche, et généralement même prendre plusieurs correspondances obscures n’a pas été un problème, car il s’agit d’un chaos bien organisé où les infos ne sont trouvables nulle part ailleurs que dans la bouche des personnes qui sen occupent, mais elles sont fiables. Et ça fonctionne.

Premier voyage plutot confo…
Animation incluse!
Certains voyages si remplis qu’on s’assied presque les un-e-s sur les autres!

Certes, il faut d’avoir garder son calme quand plusieurs hommes fondent sur toi en hurlant pour t’aider à déplacer ton sac et te pousser à monter au plus vite dans le prochain bus, on court sans savoir dans quel véhicule on embarque, on se serre comme des sardines, on nous stresse, on nous invective. Mais c’est toujours bienveillant, et si on s’accroche fort à son sac et qu’on est un peu réveillée, on s’en sort sans problème. Bien sûr, parler la langue locale est précieux dans tous ces petits moments. Le trajet est en principe assaisonné de musique joyeuse, parfois le chauffeur ou un-e passagèr-e chantonne avec la radio. Lors d’un trajet il y avait même sur une télé le spectacle du concert dont nous étions en train d’écouter la musique, c’est mythique! Pratiquement 2h de danse ininterrompue. On voit aussi des vendeureuses ambulant-es, une forme de mendicité comme une autre. Quant au “coordinateur”, on a eu des situations où il ouvrait la porte arrière pendant qu’on roulait, pour jeter un oeil à l’intérieur, avant d’escalader le bus et de passer apparemment par le toit? Bonjour les normes de sécurité au travail.

Des couturières en semi plein-air

Dès qu’on sort de la ville, on voit rapidement défiler la verdure. Les petites maisons sont cubiques et basses, souvent avec un toit de tôle, et décorées à la peinture, généralement de couleurs vives avec en plus des textes divers ou des pubs. La population est en grande partie “indienne” (on dit “indigène” en en espagnol) et on retrouve des attitudes, faciès, vêtements évoquant ce qu’on peut voir au Pérou ou en Bolivie. Il y a d’ailleurs 23 langues indigènes reconnues comme langues officielles du pays en plus de l’espagnol. Malgré la chaleur, pratiquement tout le monde s’habille de façon plutôt couverte, même les hommes portent de base des pantalons plutôt que des shorts. La grande majorité des femmes portent au quotidien de splendides vêtements traditionnels, et ce n’est pas pour les touristes!

Antigua, la ville avec des volcans au bout des rues
Dans plein de villes et villages, on se déplace en tuk-tuk si on ne veut pas marcher!

Ainsi, je suis arrivée à Antigua, ancienne capitale de jolies petites maisons colorées entourée par les volcans à tel point qu’on les voit au bout des rues. Malheureusement, Antigua a été prise d’assaut par les touristes et bien qu’il fasse bon y être, elle n’est pas très authentique. La plupart des restaurants sont ont les touristes comme public cible, énormément de belles maisons sont des hôtels, à se demander quelle proportion de la population est vraiment locale, combien de pauvres habitent au centre. C’est néanmoins très joli et charmant, cela va sans dire.

Incroyable vue depuis mon hostel sur les volcans Fuego, Acatenango et Agua
Fantastique restaurant de nourriture typique (un des rares!) d’Antigua

Mais la raison principale d’aller à Antigua c’est la nature. De fait, mon deuxième jour au Guatemala j’étais déjà sur la route de l’Acatenango, qui culmine à 3976 m d’altitude. Il s’agissait d’un trek sur 1,5 jours et d’un gros défi physique. On est parti-es de 2400 m pour arriver au camp de base à 3600 m durant la première partie de la journée, ce qui n’était déjà pas anodin. Puis, on a dû décider si on faisait la marche du soir jusqu’au volcan Fuego, qui crache de la lave toutes les 15-20 minutes. Je ne pouvais bien sûr pas y renoncer, et 11 personnes sur 15 sont venues! Il s’agissait de descendre puis remonter pour l’observer de plus près, puis refaire le chemin en sens inverse, pour une escapade d’environ 4h, dont un bon moment d’observation posés dans le froid dans la nuit et à l’exposition du vent sur la crète de laquelle on avait une bonne vue. Je n’ai pas les mots pour vous dire à quel point ces éruptions sont fantastiques. Quel privilège de pouvoir observer de si près un tel phénomène naturel! Quels moments magiques, d’attendre en grelottant dans le noir jusqu’à ce que le volcan gronde et crache son feu!

Au début, avec tous ces nuages, les vues n’étaient pas très prometteuses
Et puis la magie la plus absolue a opéré (photo pas de moi mais de mes ami-e-s italien-ne-s)

Nous sommes arrivés au camp de base vers 22h et avons encore soupé au coin du feu. Là nous attendait une grosse décision : monter au sommet de l’Acatenango pour le lever de soleil le lendemain matin. Bémol: réveil à 3h30! Sachant que je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, je n’étais pas très chaude à me remettre en marche quand on est venu me réveiller… et je n’étais pas la seule. Mais finalement, je n’arrivais pas à trouver assez de justifications pour ne pas y aller, le repos étant un très faible argument quand on est sur un volcan. J’ai pris mon courage à deux mains et ai imposé ce nouvel exercice à mes pauvres jambes; nous n’étions que 5 à faire cette folie. Mais elle en a valu la peine, évidemment! Tout d’abord parce que je n’étais jamais montée à pied à 4000 m (l’Altiplano bolivien ce n’était pas de la rando). Mais aussi parce que c’est vrai qu’être sur un volcan (inactif) au lever de soleil, c’est une belle sensation et une jolie vue. Voilà donc mon excursion de folie, marcher pratiquement sans s’arrêter, parfois dans du sable qui rend chaque pas plus difficile, souvent dans l’épuisement, mais toujours avec la satisfaction d’avoir vu des choses grandioses. Incroyables récompenses!

Vue depuis l’Acatenango au petit matin, à 3976 m d’altitude
Quand tu as réussi tous les défis que tu avais relevés!
Tired potato

Alors que je ne me sentais pas particulièrement d’humeur sociale et que j’étais même un peu ennuyée de devoir être entourée d’occidentaux (oui parce que les tours ce sont des activités où les riches paient des pauvres pour se faire accompagner, et ce sont essentiellement des occidentaux voire européens qui peuvent se le permettre), je dois dire que cette randonnée m’a permis de faire d’inattendues belles rencontres. Quelques personnes très sympa et intéressantes avec qui j’ai mangé ou passé du temps, et surtout un adorable couple d’Italiens, Giorgia et Felice, de vrais voyageureuses! Ils ont tout laissé, plus d’appart ni rien et leur sac est leur maison depuis 6 mois et pour un temps encore indéfini. On allait aux mêmes endroits et on est sur la même longueur d’ondes, on est donc restés ensemble pour un bout de parcours.

Comment se préparent les tortillas qui accompagnent pratiquement tous les plats

J’écris en ce moment depuis un minibus qui m’emmène au centre du pays, voir de belles cascades dans la jungle. Prochain récit (si je trouve le temps): le marché de Chichicastenango et le superbe Lac d’Atitlan, où j’étais ces derniers jours!

Hasta luego!

PS: toutes les photos sont malheureusement prises avec un téléphone, je ferai une galerie de mes belles photos d’appareil photos à mon retour (si j’y parviens)

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