Nord de l’Argentine

Le rythme auquel je change de pays s’est pas mal accéléré depuis quelques temps… Après près de 2 mois en Colombie et environ un au Pérou, j’ai passé 12 jours en Bolivie, et si je voulais pouvoir arriver en Patagonie durant ce voyage, il fallait déjà que je continue ma route vers le sud. Ce qui fait que j’ai traversé le nord de l’Argentine en une dizaine de jours seulement, pour arriver au Chili. Et à partir de maintenant mes passages de frontière vont encore plus augmenter, parce qu’en descendant le long de la Patagonie je vais la traverser plusieurs fois, passant de l’Argentine au Chili et inversement selon ce qui m’attire dans la zone (et selon où passe la route!).

Salta
Salta

J’ai donc connu une partie de l’Argentine, ou plutôt en ai eu un aperçu. Et ce fut génial!! L’Argentine a une culture à part, très différente de ce que j’ai connu jusqu’ici. Les Argentins le savent et en sont assez fiers, d’ailleurs je dirais que c’est le peuple le plus patriote que j’ai rencontré sur le continent (beaucoup de drapeaux argentins exhibés par là où je suis passée). Il y a pas mal d’aspects de la culture qui sont assez uniques, là où par exemple les différentes cultures andines (parties de la Colombie, Équateur, Pérou, Bolivie) avaient pas mal de  traits communs. Bien sûr, la géographie joue un rôle important: une grande partie de l’Argentine est un immense plateau, la pampa, ce qui a permis un fort développement de l’agriculture et de l’élevage et a résulté en une culture de cow-boys, les gauchos (à prononcer « ga-ou-tcho »), tels qu’on s’imagine les états-uniens (alors que les peuples andins vivent sur une chaîne de montagnes). Ce n’est pas pour rien que le pays est un tel producteur (et consommateur!) de viande! L’asado (grillade) est en effet très répandu dans le pays, et de nombreuses maisons sont pourvues du grill à cet effet, souvent utilisé, et au magasin on trouve tout le matos nécessaire pour un asado, toujours. On peut aussi facilement se procurer de la viande grillée dans la rue, en sandwich, au restaurant, etc.

Salta
Salta

De cow-boy ils ont aussi certains éléments de l’habillement: même dans les rues des villes j’ai vu des hommes porter le chapeau  de cuir typique. Et le top fut tout de même le moment où j’ai découvert le Festival País 2017: l’équivalent de la fête nationale de la lutte à la culotte suisse (oui oui, pour les non-Suisses, ça existe, et c’était l’été passé près de chez moi), une grande célébration de la culture nationale réunissant tous les clichés et un tas de gens très fervents. Évidemment, tant que c’est pas suisse, ce genre de distractions me plaisent et je trouve follement esthétiques tant la musique que les vêtements traditionnels. En plus des concerts (souvent de vieux monsieurs moustachus qui chantent en gratouillant leur guitare) qui ont lieu durant tout le festival, l’un des éléments-clé est la doma, du rodéo sur cheval. Activité très impressionnante parce qu’on dirait vraiment que ceux qui la pratiquent (que des hommes, comme les lutteurs suisses) vont se rompre l’échine à tout instant, mais ceux qui parviennent à ne pas se faire éjecter sont apparemment de sacrés bonshommes parce qu’ils arrivent à résister quelque chose comme 8 ou 12 (très longues) secondes sur un tas de muscles en fureur. Si c’est pas du spectacle!

Salta
Salta

Je m’étais toujours sentie vaguement attirée par l’Argentine, et j’ai en effet aimé les particularités du pays – celles que j’ai vues, car il y a beaucoup que je ne connais pas! L’une de mes préférés, car je suis une grande buveuse de the infusé bien trop longtemps: le yerba mate (prononcer « maté »). Un grand, grand nombre d’Argentins possède son propre mate, une espèce de tasse sans anse constituée de n’importe quel matériel (bois, calebasse, verre, plastique, cuir, céramique,…) et décoré de n’importe quelle façon (avec ou sans pieds, avec ou sans cercle de métal à l’embouchure, enveloppé ou non dans du tissu traditionnel, gravé ou non, avec des personnages Disney ou même dieu sait quoi d’autre), dans lequel on verse les herbes de yerba mate, de l’eau juste pas bouillante, et qu’on se fait passer pour boire tour à tour à l’aide d’une paille en métal (la bombilla) jusqu’à ce que le thermos soit vide. C’est plus un moment de convivialité que juste une boisson, et souvent ça se consomme en groupe (apparemment pas en Uruguay, où on m’a dit que chacun se balade avec son propre thermos et mate jalousement gardés).

Around Salta
Around Salta

J’ai rencontré plusieurs personnes qui n’en boivent pas vraiment, ou pas s’ils sont seuls, mais moi j’adore! Souvent, si quelqu’un est en train d’en boire, que quelqu’un d’autre arrive et ils se mettent à parler, le premier va proposer du mate au second, qui accepte en général. Il existe plusieurs variations de consommation, certains ajoutent une autre herbe (non, pas de la marijuana.. enfin pas à ce que je sache en tout cas) au mélange, d’autres préfèrent une boisson froide en cas de grande chaleur (ils appellent ça des jus, c’est de l’eau froide avec une poudre à goût fruité, et l’ensemble devient ainsi un terere), certains le boivent avec du sucre. Bref, je savais avant d’arriver que la technique me plaisait beaucoup, c’était donc ma mission de m’en procurer un que j’aimerais (et j’ai dû beaucoup réfléchir pour savoir ce que je préférais, avec toutes ces options!). J’ai choisi un mate de bois emballé dans un bout d’aguaio (le tissu andin traditionnel que j’aime tant), et une bombilla avec le symbole inca de la Pachamama (notre mère la terre), comme ça c’est tout un concentré de mon voyage que je transporte comme souvenir. Il m’a fallu traiter le bois pendant deux jours (avec du beurre et les herbes du mate déjà bu de quelqu’un d’autre, pour lentement humidifier le récipient) afin qu’il ne transmette pas son goût à la boisson, et j’étais prête! Je dois encore apprendre à ne pas faire trop chauffer l’eau, et il y a quelques coups de main à intégrer pour boire le mate comme il faut, mais j’adore évidemment déjà!

Leaving Argentina
Leaving Argentina

Sinon, j’aime aussi bien comme les gens m’appellent mami ou mamita ici, c’est attachant. Et j’adore les empanadas, qui sont réputées pour être meilleures en Argentine qu’ailleurs, notamment parce qu’ils les cuisent au four et non dans de l’huile de friture (apparemment, les meilleures du pays sont à Salta). Je suis donc arrivée en Argentine par la frontière nord avec la Bolivie, dans une chaleur pesante comme je les adore, parce que oui: j’ai calculé et fait en sorte d’être en Argentine et au Chili en été (on est en-dessous de l’Equateur, du coup bien sûr les saisons sont inversées). Connaissant mon amour pour le soleil, vous savez comme je me suis régalée! Ma première destination argentine fut la ville de Salta, qui se trouve dans une région vinicole réputée.

Columbus in Salta
Columbus in Salta

J’y ai revu Mauricio, que j’avais connu l’espace de quelques discussions à notre hôtel à Mancora, dans le nord du Pérou. On a passé de chouettes moments ensemble, j’ai même partagé un repas avec sa très gentille famille. Il m’a montré les différents endroits où les gens du coin aiment aller se relaxer le week-end ou boire un mate, et m’a fait découvrir le très remplissant matambre (= tue-faim) local, un sandwich complètement rempli de viande et garniture à choix. Bref, je me suis rappelée, après près d’un mois et demi de vagabondages avec autres touristes entre le Pérou et la Bolivie, à quel point c’est chouette de connaître des gens qui habitent à un endroit que l’on visite pour vraiment voir comment on y vit et mieux le connaître/comprendre (vous verrez dans un prochain article que plus tard, au Chili j’ai été servie!). Salta est une jolie petite ville encore pas si loin de la Cordillère des Andes et parée de quelques très belles églises colorées.

Salta
Salta

En quittant Salta, j’ai pour la première fois expérimenté l’auto-stop, parce que la région est réputée pour être sûre et parce que les bus argentins coûtent plus cher que dans le reste du continent. J’ai donc pris un bus jusqu’à Cafayate, un très mignon petit village de la zone vinicole, y ai mangé et comptais repartir en levant mon pouce. Premier obstacle, et de taille: une pluie diluvienne, qui en quelques minutes a engorgé les rues comme si une rivière les traversait. Au point que je suis restée plantée là un bon moment, à ne même pas pouvoir traverser la rue, jusqu’à ce qu’un gentil monsieur travaillant dans le magasin à coté duquel j’étais en train d’attendre sorte sa jeep juste pour pouvoir me faire atteindre le prochain trottoir… et ainsi de suite! J’ai dépendu de la gentillesse de plusieurs conducteurs de jeep pour pouvoir arriver à la sortie du village. Et là, la chance ne m’a pas souri: j’ai tendu le pouce pendant deux heures sans que personne ne daigne s’arreter. J’ai fini par demander à un bus de s’arreter et de me déposer quelque 100 pesos (6$) plus loin, histoire d’avoir quand même pu avancer un peu durant la journée. Voila une expérience d’autostop qui commencait mal…

Amaicha - hostel
Amaicha – hostel

Le bus m’a posée à Amaicha, un tout petit village complètement perdu et inconnu, dans une zone désertique, qui se présente fièrement en ces termes sur un panneau d’accueil: « Bienvenue à Amaicha, le lieu qui a le meilleur climat du monde; 360 jours de soleil par an! » Mon coeur n’a fait qu’un bond. A peine sortie du bus, un monsieur s’est approchée et a parlé de son hotel, qui en comparaison était le moins cher du village. L’argument m’a séduite et je suis allée rencontrer sa femme qui attend les clients en-haut de la colline et leur montre les maisonnettes de pierre et de boue qui constituent les dortoirs où se retrouvent les désargentés voyageurs à sac à dos, les mochileros (« routards ») venant de toutes parts, du Mexique à l’Argentine et à l’inévitable Europe. L’endroit est simplement charmant: très épuré, évidemment, ses propriétaires vivent et travaillent en fait ailleurs durant l’année (madame est avocate, par exemple), et ils viennent passer l’été dans le calme de cette nature si spéciale et avec le contact humain de ces jeunes aux étoiles dans les yeux qui passent par leur hôtel. Le soir où j’ai dormi là-bas, un ami cuisinier qui passe l’été avec eux s’était proposé de cuisiner pour tout le groupe, et la douzaine de personnes qui passait la nuit dans les maisonnettes au milieu du rien s’est mise à table sous les étoiles, tous ensemble, partageant un vin d’altitude local (sauf erreur, ils nous ont dit que c’est le vin produit le plus haut du monde! ….je n’ai pas été extremement convaincue par son goût, mais ca reste entre nous). Soirée enchanteresse, des plus simples, accompagnée des rumeurs de la nature et de la chaleur des nuits d’été. Quelques instants de paradis, cadeau.

Salta
Salta

Le jour suivant, j’ai tenté l’auto-stop, à nouveau. Je suis partie avec mes deux gros sacs (à chaque étape un peu plus lourds car avec le temps j’y ajoute du matériel et des souvenirs, bien que j’aie pu donner des choses à Emanuele, qui les a ramenées en Suisse pour moi) et j’ai commencé à marcher le long de la route vers Tafí del Valle, un refuge de fraicheur dans la montagne pour ceux qui souffrent de la chaleur de Tucumán (la capitale de cette province du nord). Un gentil monsieur s’est arrêté pour moi et m’a embarquée pendant plusieurs heures de discussion sur l’histoire argentine et d’explications, notamment économiques. Le paysage qu’on a traversé ensemble fut génial parce qu’il m’a embarquée presque au milieu d’un désert tacheté de cactus, et qu’à mesure qu’on avancait on arrivait dans une zone plus humide et plus fraiche. Ainsi, on est aussi passés par toute une région ressemblant à mes paysages suisses: verdoyant et entouré de montagnes, avec un petit village tout charmant. Ensuite, on est redescendus vers une zone plus forestière, baignée par la brume, et il m’a laissée là où nos chemins se séparaient. Le reste de la journée a été un ensemble de rencontres de ce genre, de trajets partagés plus ou moins courts, selon où allait le chauffeur qui me rendait le service de s’arrêter pour moi. J’ai ainsi pu rejoindre la Rioja, une petite ville entre Cordoba et Mendoza par où était passé une tornade quelques jours plus tot, laissant la ville partiellement dévastée avec notamment un poteau électrique en travers de la rue de mon hotel ainsi qu’un arbre tombé et moitié déraciné. Ca fait un sacré effet! Cela dit, on voit que ce pays est moderne et organisé car les opérations de nettoyage et réparations avaient commencé presque tout de suite après la catastrophe, et on voyait malgré les dégats que la ville est généralement propre et bien tenue (après la Bolivie, ça me changeait).

Salta
Salta

Je n’ai passé qu’une nuit à la Rioja et suis immédiatement repartie, toujours en auto-stop. C’était l’activité de la journée, et ça me plaît énormément. Bien sur, cela permet d’économiser le prix des billets de bus et cela ne coûte pas grand chose à ceux qui s’arrêtent, parce qu’ils vont de toute facon dans cette direction et font volontiers le voyage en compagnie de quelqu’un avec qui discuter (tous étaient soit camionneurs, soit des gens qui voyagent beaucoup pour le travail, tous des hommes, et qui passent beaucoup de jours à rouler seuls – je suppose que la plupart des autres gens ne veulent pas courir de risque ou veulent etre tranquilles). Mais c’est surtout une expérience sympa parce que ça ouvre la porte, ou plutôt quelque chose comme une fenêtre permettant de jeter un oeil, de guigner dans la vie d’une personne inconnue et qu’on ne reverra plus ensuite. C’est un vrai contact, tout en espagnol, avec quelqu’un qui vit vraiment dans le pays, et ça permet de faire un peu plus connaissance avec la région. Les réalités de la vie, ce que chacun pense de la politique ou autres thèmes qui les intéressent; ce sont parfois des échanges  très riches, parfois limités à juste partager un moment et parler de nos familles et nos vies (d’ailleurs c’est trop joli, ici pour dire « ma femme » les gens disent mi señora, « ma dame »). Ce sont des moments fantastiques! Et tellement de gens sont tellement bienveillants!

Fire for asado
Fire for asado

Pour répondre à ceux de vous qui s’inquiètent déjà pour moi, voici mon impression générale sur l’auto-stop: bien sûr je ne le ferais pas dans un pays particulièrement pauvre, ni dans une zone particulièrement dangereuse et à propos de laquelle les habitants du coin disent qu’elle n’est pas recommandable. D’ailleurs je n’ai pas fait d’auto-stop avant d’arriver en Argentine (entre le moment où j’ai écrit cet article et quand je l’ai édité j’ai rencontré une Argentine qui a traversé la Colombie ainsi pendant… 10 mois!). Mais pour toutes les craintes qui existent à ce sujet, combien d’histoires y a-t-il vraiment d’hisoires vraies d’auto-stoppeurs à qui il est arrivé quelque chose de mal? J’avoue avoir entendu peu d’histoires d’auto-stop dans ma vie, mais je dois dire que 100% de celles-ci étaient positives, et les choses négatives que j’ai entendues n’étaient toujours que des craintes, pas des faits. Quand on me parlait d’auto-stop pour me le raconter, c’etait toujours positif. Je pense que bien sur quelque chose de mauvais peut se passer en faisant de l’auto-stop, mais je crois qu’il faut être vraiment malchanceux pour que ça arrive – je suis persuadée qu’aller au travail en voiture tous les jours comporte un risque mortel bien plus élevé que faire de l’auto-stop et tomber sur un tueur en série. Et, pour moi, ce qui a achevé de me convaincre que j’étais pas mal en sécurité fut ce que j’ai entendu plusieurs fois: des gars qui se sont arretés et m’ont prise en auto-stop parce que « c’est pas du tout sûr de faire ca et je me suis inquiété pour toi, une fille toute seule qui fait du stop comme ça ». C’est-a-dire que soit ils s’arrêtaient et étaient super sympa et le faisaient parce qu’ils avaient envie de compagnie, soit ils s’arrêtaient parce qu’ils pensaient que je serais plus en sécurité avec eux que quelqu’un d’autre. Conclusion? Pour moi, les gens sont en majorité bienveillants et gentils. Je compte bien refaire de l’auto-stop en Patagonie, qui est très connue pour ce type de déplacement et pour être habitée par des gens extrêmement sympa et serviables (tant les touristes qui y sont passés que les Chiliens et Argentins que j’ai connus me l’ont confirmé).

Asado
Asado – sorry vegetarian friends!

Je suis ensuite arrivée à Mendoza, ma dernière étape argentine de ce bout de trajet. La journée avait été chaude, elle avait commencé en marchant un peu dans un désert vers midi, par près de 40 degrés (je sais, il y a plus stratégique comme horaire pour sortir). Généralement, mon séjour dans le nord de l’Argentine fut une dizaine de jours d’été pur et dur. Ainsi, l’air était encore chaud et je portais mes shorts et un top quand je suis sortie me balader en ville ce soir-la (sachant qu’a ce moment, mes amis et ma famille en Suisse me racontaient des histoires de neige et d’une vague de froid traversant le pays). J’ai été manger des…. empanadas, évidemment. Un gars sympa qui travaillait dans mon auberge de jeunesse (et que j’étais appelée à revoir, suite dans un prochain épisode) m’avait recommandé ce restaurant, notamment pour leurs empanadas de fruits de mer: succulents!!! Retournant à l’hôtel, j’ai entendu de la musique et me suis arrêtée sur une petite place baignée de lumiére jaune et décorée de petites banderoles multicolores. D’un haut-parleur posé dans un coin émanait de la salsa, et une trentaine de gens dansait simplement, les pairs se formant et se déformant au fil des chansons, plusieurs générations se retrouvant dans la mélodie joyeuse et les pays sensuels de cette musique. Il y a quelque chose d’éternel et d’universel dans la musique, non? Une magie que l’on peut sentir indépendamment de notre âge ou de nos origines, qui nous fait vibrer et qui peut donner un ton ou une atmosphère particulière à n’importe quel moment. J’ai longtemps savouré ce petit moment-cadeau agréable, en été à 25 degrés, seule et heureuse sur une place de Mendoza à regarder des gens danser gracieusement et tous souriants de partager quelques virevoltes dans cette paisible ambiance.

Mendoza
Mendoza

Plus tard, rentrant au milieu de la nuit et marchant dans les rues tranquilles de Mendoza, je suis passée devant un beau batiment de type colonial, flanqué de palmiers. Les grillons qui chantaient m’ont accompagnée tout le long de ma balade de retour à l’hôtel, d’une cuadra (bloc de bâtiments) à l’autre, ne m’arrêtant que pour acheter une succulente glace au dulce de leche (confiture de lait), noix de coco et maracuya, presque à la hauteur de mes bien-aimées glaces italiennes.* Des gens faisaient des tours en rollers dans les parcs sur mon chemin, je suis aussi passée devant des places très vertes et de belles fontaines, ainsi que des restos un peu chics, et je me suis dit que, pour ce que je connais de l’Espagne (peu), cette ville pourrait y ressembler – ce pourrait être une ville européenne, en gros. Elle est faite de grandes avenues éclairées, propre, bien organisée, et très moderne comparé à beaucoup de choses que j’ai vues jusqu’à présent (à vrai dire elle est en meilleur état que bien des villes europénnes si j’y pense, mais n’entrons pas dans les détails).  Et puis meme les voitures les moins « classe » sont en meilleur état que la moyenne des voitures que j’ai vues en Bolivie, par exemple.

*le maracuya, le fruit de la passion, est vraiment ma drogue tropicale et je l’adore absolument… il me manquera beaucoup à mon retour!

Mendoza
Mendoza and wine

A Mendoza, j’ai fait du vélo d’une cave à vin à l’autre avec des gens de mon hôtel, beaux paysages de vignes… et bon vin. Joyeuse balade au soleil, visite d’une cave d’une ancienne famille italienne et apprentissage de quelques notions concernant le vin. Plus tard, j’ai pu savourer un asado, typique. Ce qui signifie, en gros, qu’on m’a refilé quelques feuilles de salade et qu’à part ça on m’a fourrée de viande jusqu’à explosion. Ceci inclue les parties de viande moins ragoûtantes telles que de l’estomac, si je me rappelle bien. Ça, c’est fait! Après ça, une chouette discussion s’est engagée avec deux porteños, des gars de Buenos Aires (appelés ainsi car la ville est un puerto, un port), jusqu’à ce qu’il commence presque à se faire un peu tard pour moi, et là un des deux lance « bon, on sort? » Ah oui, c’est vrai, j’avais lu qu’à Buenos Aires les rythmes sont comme en Espagne, et qu’on sort plus tard que ce à quoi je suis habituée (bon, je suis pas la plus assidue des sorties non plus, on est d’accord). Il était 2h du matin… Très dur pour moi d’inverser la psychologie et de me convaincre que j’avais le courage et la motivation pour suivre mes nouveaux potes. Mais, oui, j’ai fini par aller danser (sur de la cumbia electro, musique typique latino qu’on retrouve à la sauce nationale dans beaucoup de pays du continent, teintée d’électro pour être adapté à l’ambiance de club). Faudra que je me prépare psychologiquement pour Buenos Aires! Et voila, mon passage dans le nord de l’Argentine était déjà terminé. J’ai passé la frontière chilienne en frôlant l’Aconcagua, la montagne la plus haute d’Amérique du Sud (6962m, que des amis escaladeraient héroiquement un peu plus tard), pour continuer mon voyage vers la Patagonie.

Mendoza
Mendoza

Un mot sur les Argentins: le pays étant une sacrée terre d’immigration, quiconque peut passer pour argentin car ils ressemblent à tout et n’importe quoi! Je veux dire par là qu’ils peuvent être bronzés, au teint mat, et frisés, ou avoir les yeux bleus et le visage pâle. Même blonds parfois! Par contre ce qu’il n’y a pas ce sont des noirs ou des indigènes. Si je me rappelle bien, une gentille petite extermination d’indigènes et d’esclaves a eu lieu, accompagnée d’encouragements à l’immigration pour les Européens, à la période où l’Argentine se voulait plus blanche (voila qui plairait à ce connard de Trump). Le pays est donc constitué en grande partie de gens qui vous diront avoir des origines italiennes ou allemandes, remontant à quelques générations. Il y a une sacrée influence italienne dans la culture d’ailleurs, entre les noms des gens, la qualité des glaces, le vin, le langage gestuel et autres expressions insérées dans l’espagnol d’ici, ainsi qu’un tres grand orgueil par rapport a son pays (je me sens presque chez moi!). On assiste aussi à une intéressante contradiction: non seulement le pays a servi de terre d’accueil à de nombreux allemands et de refuge à beaucoup de… nazis, mais Buenos Aires est aussi la troisième plus grande communauté juive au monde (après Israël et New York). Bref, l’Argentine est un pays surprenant. Les Argentins détestent leurs voisins Chiliens et leur accent, eux disent que c’est pour des raisons historiques (lorsque l’Argentine fut en guerre avec le Royaume-Uni au sujet des Falklands -Malouines pour les Argentins-, le Chili fut le seul pays latino à se ranger au côté des roastbeef, ce qui n’aurait pas encore été pardonné). Des Chiliens m’ont dit que selon eux c’est plutôt parce qu’ils les battent au football… Je ne trancherai pas!

Leaving Argentina
Leaving Argentina

Pour finir, l’espagnol d’Argentine possède quelques particularités assez uniques qui le rendent assez reconnaissable: le plus marquant, c’est qu’ils disent che (prononcer « tché ») à tout bout de champ (de la est venu le surnom d’Ernesto Guevara d’ailleurs, guérillero argentin parti se battre à Cuba). Le plus perturbant pour moi c’est qu’au lieu du (tu) ils emploient vos, qui a une conjugaison à part entre le et le vosotros d’Espagne. Les premières fois, je n’y comprenais rien! Sinon ils ont un vocabulaire à eux, parfois partagé avec le Chili: bácan/chévere (cool) se dit piola ou copado, muy (très) -> re, excelente -> la raja, joven (jeune homme) -> chango (surtout dans le nord, je crois), etc. Et, finalement, il me faut mentionner le lunfardo, l’accent particulier des porteños de Buenos Aires: là où le reste de l’Amérique latine prononce le double LL « ji »(et les espagnols « i »), le lunfardo le transforme en… « ch ». Exemple: petit déjeuner = desayuno (dé-sa-jiou-no) = « désachouno » à Buenos Aires. Il m’a fallu un petit temps d’adaptation et maintenant je rafole de cet accent! D’ailleurs c’est l’accent chouchou à travers le continent, favori de ces dames.

PS: je m’excuse pour les fautes de français, j’avoue passer tellement de temps à écrire et traduire que je délaisse un peu la relecture, mais je préfère vous partager mes histoires telles quelles que saturer et arrêter d’écrire. Vive le français malgré tout!

Lecture en cours: un livre péruvien, Les Rivières Profondes, par José María Arguedas. J’en suis encore au Pérou car j’ai malheureusement peu de temps pour lire, toujours en route ou avec des gens, et dans le bus… j’essaie d’écrire mes articles!

Prochaines étapes: le Chili, de Santiago à Chiloé, puis ma chère Patagonie

Où je suis en ce moment: déjà au Brésil, et très en retard dans mes récits de voyage! Ce que je viens de vous conter date déjà d’un mois et demi environ. Pas facile de trouver le temps et la connexion internet nécessaires…

Pour plus de photos du Nord de l’Argentine: clique ici!

Leaving Argentina - perhaps a picture of the Aconcagua
Leaving Argentina – perhaps a picture of the Aconcagua (I’m not sure)

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