Accueillant Chili

Santiago, Mercado Central

Le pays des poètes m’a traitée comme une reine. Entre les amis et les amis d’amis, j’ai été accueillie de foyer en foyer, et cela m’a extrêmement touchée. Après une arrivée un peu chaotique à Santiago, parce que le bus a eu 6h30 de retard (à cause du passage de frontière et des bouchons en ville), j’ai fini par atterrir dans la maison de la famille de Francisca, que j’avais connue sur l’île de San Andres en Colombie, deux mois plus tôt! Tous furent adorables avec moi, particulièrement la maman, qui a notamment cuisiné un savoureux pastel de choclo pour moi et m’a aussi aidée à faire mes emplettes de matériel de camping pour mon séjour patagonien. J’avais en effet compris au long de mon voyage et des discussions avec les voyageurs venus du sud que l’on profite beaucoup plus de la Patagonie avec la liberté d’une tente et de matos de cuisine (accessoirement, on économise sur le prix de l’hôtel, qui vaut bien cher dans le sud du continent!). Santiago était le meilleur endroit pour faire ces courses, parce que l’Argentine est un peu chère en ce moment (d’ailleurs beaucoup d’Argentins passent la frontière pour faire des commissions, depuis quelques mois).

Santiago

J’ai aussi visité un peu la capitale chilienne, mangeant maritime au joli Mercado Central tout fait de fer forgé, me suis baladée le long de la rivière, ai fait un tour du centre et de ses charmants édifices, ai bu des verres avec un groupe d’amis chiliens dans le quartier de la « Bellavista » puis goûté de l’excellent vin chilien pendant que ces mêmes amis, Daniel et Claudio, jouaient de la guitare et chantaient des chansons du pays, bref, je n’ai de loin pas trouvé Santiago aussi horrible qu’on me l’avait prédite! La Bellavista est même un quartier très mignon, estudiantin et un peu bobo, fait de maisons basses pleines de couleurs et de jolis bars. Bon et il faut quand même que je vous le raconte, pour la première fois depuis le début de mon voyage, il m’est arrivé quelque chose de mal (jusqu’à présent j’avais juste perdu des affaires, ce qui était de ma faute). Attendant à un passage piéton, j’ai senti qu’on touchait mon sac à main, j’ai regardé: il était ouvert et mon porte-monnaie avait disparu! J’ai regardé le monsieur à côté de moi et l’ai apostrophé, il m’a dit que le voleur était parti en courant dans telle direction. Je ne l’ai pas cru et lui ai saisi le poignet, et en le faisant tourner j’ai vu qu’il cachait mon porte-monnaie dans son dos. Je le lui ai pris de la main et ai crié d’énervement, il m’a regardée et est parti. Scène pour le moins étrange, je crois qu’on était tous deux fort surpris par le déroulement des événements, et mon cerveau n’était clairement pas en état de marche mais mes instincts oui, tant mieux; tout est bien qui finit bien! En fin de compte, il ne me sera donc encore rien passé de mal.

Santiago

À Santiago, j’ai encore pris le temps de visiter deux musées qui m’ont fascinée, chacun à sa façon. Le premier fut la maison de Pablo Neruda, le poète et prix Nobel de littérature (l’un des deux poètes et prix Nobel de littérature chilien). Cet écrivain était clairement un excentrique en quête de beauté (cf le titre de mon blog, qui vous fait comprendre pourquoi j’ai tant aimé ses maisons – j’en ai visité deux en tout), et il créait autour de lui des univers magiques, remplissaient ses lieux de vie de souvenirs de ses innombrables voyages et mandats d’ambassadeurs, arrangeait des pièces à thèmes et des lieux exprès pour partager de bons moments avec ses amis. Il aimait les gadgets, les breloques, les souvenirs, l’art, les meubles un peu futuristes, les couleurs, les détails loufoques, et la mer. Bref, je pourrais vivre dans une de ses maisons! Il a fait construire cette maison pour sa maîtresse et vrai amour, afin de la cacher jusqu’à ce qu’il divorce pour l’épouser et passer avec elle le restant de ses jours. Neruda avait aussi des opinions politiques très à gauche et était proche de Salvador Allende, à qui il céderait la place dans la course à la présidence du pays (et à qui il devrait ses mandats à l’étranger).

Valparaíso

C’est là le lien avec le second musée que j’ai visité, le Musée de la Mémoire, qui sinon semblerait avoir rien à voir avec le premier. Il a été édifié en se basant sur les éléments d’enquête de la commission chargée de rétablir la vérité sur la période de dictature au Chili, afin de transmettre aux générations futures ces souvenirs chargés de souffrance et d’éviter une malheureuse répétition de l’histoire. Le lien avec Neruda c’est que son ami Allende fut renversé par un coup d’état au cours duquel il trouva la mort (d’ailleurs Neruda mourrait l’année même du coup d’état, dans des circonstances qui me semblent n’avoir pas été totalement éclaircies). Le Général Pinochet prit le pouvoir et établit un régime militaire qui durerait 17 ans. L’héritage de Pinochet est controversé et le pays est encore divisé à son sujet, parce qu’on lui attribue notamment la réussite économique chilienne (modèle néolibéral qui a rendu le pays très moderne et « yankee ») qui se ressent encore aujourd’hui, mais ce qui est certain est que sa dictature fut accompagnée des éléments classiques de ce genre de régime autoritaire: censure, disparitions, torture, mises à mort,… Beaucoup de douleur pour le peuple chilien, dont de nombreux citoyens ont fui (entre autres) en Suisse et y sont restés.

Valparaíso

Mais le Chili n’a pas une histoire politique très classique. Ce pays est en effet le seul où, dans un contexte de guerre froide séparant le monde en deux, la population a démocratiquement élu un président socialiste, c’est-à-dire qu’ils ont voté pour le « communisme » alors que tous les autres pays dans lequel il s’est installé, ce fut par la force (évidemment, ce genre de résultats n’était pas sans déplaire aux USA, qui ont probablement mis leur grain de sel dans les affaires du pays). Et ce n’est pas fini, non seulement il y eut cette votation historique, mais le Chili a aussi eu l’occasion de voter contre son dictateur! Je vous l’ai dit, son héritage est controversé et la guerre froide a divisé le pays en deux, et le régime de Pinochet a organisé des élections qu’il était convaincu de gagner, qui auraient assis sa légitimité. Mais elles furent le théâtre d’une grande campagne du Non, menée et remportée avec brio et allégresse avec 54,71% des voix contre le dictateur (sur le sujet, je peux vous recommander l’excellent film « No », vu il y a quelques années et déjà bien aimé à l’époque).

Valparaíso

L’histoire chilienne est donc singulière, et elle est également épicée de conflits avec ses voisins (le pays s’est saisi d’une partie de territoire côtier au nord, qui était alors l’unique accès à la mer de la Bolivie, désormais entourée par la terre), de colonisation allemande et nazie, de cohabitation relativement pacifique avec les peuples indigènes qui composent le pays (dans la mesure où, contrairement à l’Argentine, le gouvernement n’a pas procédé à une extermination de cette partie de la population), et de lutte indigène Mapuche qui ne semble pas avoir de fin (les Mapuche ont férocement défendu leur territoire lors de la conquête espagnole et ils représentent la seule portion de territoire qui n’est jamais passée aux mains des colons). Pour finir, et je le mentionne parce qu’un peu d’égalité fait toujours du bien, le Chili a en ce moment unE présidentE, Michelle Bachelet (Kirchner était au pouvoir en Argentine il y a encore peu de temps, mais elle s’est empêtrée dans de sacrés problèmes de corruption et n’a pas été réélue… ce qui ne veut pas dire que les Argentins portent plus dans leur cœur leur actuel président, Macri!).

Valparaíso: une de mes oeuvres préférées du voyage!
Valparaíso: pour ceux qui connaissent Calle 13! (je vous en reparlerai)

Après la capitale, je suis allée visiter Viña del Mar et Valparaíso, où vivent des amis d’une amie de ma maman, la famille Cavieres, qui m’ont accueillie à bras ouverts et m’ont fait voir leur ville sous tous les angles! J’ai passé des journées géniales avec eux et vraiment apprécié le temps qu’ils m’ont dédié. Tania et Camilo (ils portent tous deux des noms de révolutionnaires latino-américains, ce que je trouve génial) m’ont fait goûter les géantes empanadas de mariscos (de fruits de mer) à Concón, puis nous avons trempé les jambes dans la mer (on sent qu’on est plus au sud, l’eau n’est pas aussi chaude qu’au Pérou ou en Colombie). Puis nous avons mangé en famille avec leur maman, repas accompagné de quelques verres de succulent rouge (je ne pense pas avoir mangé au Chili sans qu’au moins un verre de vin ait été servi, les Chiliens sont très fiers de leur production vinicole – les Argentins aussi, mais on en reparlera).

Valparaíso
Valparaíso

Et puis ils m’ont fait découvrir Valparaíso! Quelle charmante petite ville enchantée! Elle est construite sur plusieurs collines donnant sur la mer et l’important port (ça fait sacrément voyager mentalement de voir des containers marqués « Hamburg »! …que d’ailleurs j’allais revoir ensuite à Ushuaia), et toute la ville est multicolore et traversée par des funiculaires antiques. La partie la plus jolie est le très artistique Cerro Alegre (le Mont Joyeux), entièrement décoré de superbes peintures murales et habité par des artistes et autres communautés un peu alternatives (bon, l’influence des étrangers et des touristes a aussi fait exploser les prix et apparemment ôté de son authenticité au lieu, mais il n’en reste pas moins très beau et agréable à visiter). Chaque rue, chaque maison, chaque escalier décoré de céramiques comporte son lot de petites œuvres d’art, et l’atmosphère dans la ville m’a enchantée au plus haut point. J’ai aussi saisi ma chance de visiter une autre des trois maisons de Pablo Neruda, ce qui a ajouté de la poésie à ma visite déjà très lyrique de cette ville. Valparaiso fut aussi l’occasion de revoir Teresita, aussi connue sur l’île de San Andrés en Colombie. Une boule d’énergie positive et joyeuse avec qui le temps partagé fut trop court! Super soirée, où j’ai non seulement testé l’inattendu Terremoto (vin + fruit + …boule de glace!) mais suis aussi sortie danseeeeer.

Valparaíso
Valparaíso

Après le nord du pays, je suis directement partie pour le centre/sud, j’ai pris un bus pour Osorno et ai traversé une grande partie du pays pour arriver à la région des lacs. Je n’ai pas eu l’occasion de voir quoi que ce soit, mais à ce moment une catastrophe très importante était en train de se dérouler au Chili: ses forêts brûlaient. Il y avait environ 80 incendies qui consommaient le territoire chilien, inarrêtables et monstrueux. Plusieurs personnes sont mortes, de nombreuses ont été chassées de leur maison, c’est un événement sérieux et le pays n’avait pas assez de ressources pour lutter seul; il a dû demander de l’aide internationale. Et le pire: tout le monde est persuadé que les incendies étaient intentionnels – pas très clair si c’est le gouvernement qui veut empocher l’argent des assurances (parce que les USA vont arrêter d’acheter le bois chilien par décision de Trump) ou si ce sont les indigènes Mapuche (qui regrettent une vente en leur défaveur et se vengent), mais ce n’est probablement pas juste naturel et fâcheux. Ce furent les pires incendies de l’histoire du pays… dramatique, non? C’était alors un des thèmes de conversation principaux du moment. D’ailleurs, tant qu’on parle de catastrophes, on m’a expliqué que sur 10 catastrophes qui se passent dans le monde, 8 sont au Chili! Il y a un peu de tout dans ce pays qui court le long d’une ligne de faille: tremblements de terre, éruptions volcaniques, incendies, etc…

Osorno

Je suis arrivée à Osorno, petite ville à laquelle je trouve des airs de Scandinavie (sans être allée là-bas moi-même): plein de petits maisons de bois en couleur, mignon mais un peu trop développé, et il n’y a pas grand chose à y faire. Cependant, j’y ai passé des moments très agréables, parce que les grands-parents et la tante de Tania et Camilo m’ont accueillie dans leur jolie maison, me faisant sentir comme partie de la famille malgré le fait qu’ils ne me connaissaient pas avant et que je n’ai pas passé beaucoup de temps chez eux. J’y ai découvert la tradition de las onces (qui signifie littéralement « les onze (heures) ») – une espèce d’heure du thé et des biscuits améliorée (avec œufs, jambon, etc), qui se mange vers 20-21h. Je me suis offert une petite balade dans la ville, dont une partie fut une colonie d’allemands ayant importé leur style architectural d’alors: petites maisons de bois colorées. Très mignon, bien que la ville n’ait pas grand intérêt en-dehors de cela. J’ai passé de très bons moments, goûté du bon vin, partagé de bons repas de famille avec ces gens tellement gentils.

Osorno

Et puis je suis partie pour Chiloé, une île plus au sud, sanctuaire de tranquillité verdoyante. Elle se situe dans la région des lacs, que j’ai traversée et où je me suis arrêtée à Puerto Montt. L’une des principales attractions de ce petit village portuaire est son marché d’artisanat et l’ancien marché traditionnel reconverti en zone de petits restaurants maritimes, tout de bois et peint en rouge, tellement charmant!! J’y ai mangé l’obligatoire saumon local, péché frais du jour, un absolu régal. Et j’ai regardé la pluie tomber, pour la dernière fois avant de nombreuses semaines – j’ai été très chanceuse avec la météo, et une fille de Puerto Montt m’a plus tard expliqué qu’il y pleut toujours, il est assez normal que je n’aie pas pu l’éviter. Je suis donc arrivée à Chiloé, où Diego, un ami de Teresita (rappelez-vous Valparaíso, et l’île en Colombie!), m’a accueillie à bras ouverts sans même me connaître! J’ai dormi deux nuits à Chiloé, dans la superbe maison rurale de sa maman, qui tient un agritourisme et vit (plus ou moins) de ce qu’elle cultive. La vie là-bas est très simple, maritime et rustique. L’île a longtemps été isolée et peu développée, et par exemple l’électricité n’est arrivée qu’il y a… 18 ans! Diego a donc grandi sans électricité, alors que maintenant son petit frère aura connu les smartphones presque immédiatement… c’est pas fou? C’est à le genre d’histoire qui, pour moi, date de l’époque de ma grand-maman (la vie sans électricité, pas de frigo ni lumière, ni téléphone).

Puerto Montt
Chiloé

J’ai profité d’une journée ensoleillée pour me balader, admirer les vues calmes aux tons bleus et verts de ce paysage insulaire et champêtre, avec vue sur la Cordillère des Andes patagonienne et ses volcans, de l’autre côté du bras de mer. J’ai aussi récolté les patates dans le champ jouxtant la maison et aidé à les préparer pour le repas de midi, et je me suis simplement reposée mentalement, adoptant le rythme du coin et respirant l’air marin, tout en lisant quelques poèmes de Pablo Neruda. L’odeur de feu et de mer, la soupe de fruits de mer, le plat traditionnel de moules et viande préparé en le faisant cuir dans un four sous terre (en utilisant des pierres très chaudes et recouvrant le tout avec des feuilles pour quelques heures, le curanto), l’inattendu vol de dizaines et dizaines de perruches au-dessus de ma tête ont également égayé ma journée. C’est amusant de penser à tous les poissons qui grouillent sous l’eau alors qu’on ne voit qu’une surface lisse, d’autant plus qu’à Chiloé c’est certain qu’il y en a pas mal, puisque s’y pratique la culture du saumon.

Chiloé
Chiloé

D’ailleurs c’est intéressant, parce que la culture du saumon sur l’île est un sujet à controverse. D’un côté, le développement de cette économie a créé de l’emploi et ainsi les gens et surtout les jeunes n’ont pas quitté l’île pour aller chercher du travail. Mais, d’un autre côté, la culture de ce poisson est très polluant, notamment ses excréments qui tapissent le fond marin et font fuir la faune en détruisant la flore. Résultat, l’eau est polluée et l’on doit désormais payer ce que l’on mange, au lieu de simplement récolter des fruits de mer comme ça se faisait avant. Et puis, les gens aiment leur île et souhaitent y vivre, mais qu’il est possible que l’on ne puisse plus cultiver le saumon d’ici à quelques dizaines d’années, auquel cas l’activité aura grandement abîmé l’écosystème et simplement repoussé les problèmes de démographie. Bref, c’est compliqué. Sinon, j’ai aussi remarqué qu’ici, las onces se pratique également, mais que ça ne sert que d’entrée au vrai repas bien consistant, qui se mange plus tard… rigolo comme les habitudes changent! Ce furent donc parts de gâteau et empanadas aux pommes (!), avant un bon gros saumon bien gras mangé en famille et avec d’autres invités.

Chiloé
Chiloé

Ce soir-là, la nature m’a offert l’un des spectacles magiques et uniques dont elle a le secret. Nous sommes sortis respirer un peu d’air frais après le souper et nous sommes retrouvés face à face avec un véritable tableau de maître en 3D, un ciel nocturne tel que je n’en avais jamais vus et ne reverrai pas souvent dans ma vie! L’île est assez isolée et est donc protégée de toute pollution lumineuse, mais ce n’est pas tout. Il se trouve que cette nuit-là était sans lune et qu’il n’y avait pas non plus de nuages… une merveille absolue. Nous sommes restés des heures à observer le ciel (et moi à tenter de prendre une photo convaincante, mais impossible sans matériel un peu plus pro). Et le lendemain matin, quelle chance, le papa de Diego nous a emmenés faire un tour en bateau autour d’une île où vivent… des pingouins!!! Trop, trop, trop génial. Merci pour tout, Chili!

Chiloé
Chiloé

C’est très intéressant de traverser la géographie d’un continent entier, ça me fait plus que jamais comprendre l’impact qu’a ce sujet sur la vie quotidienne des gens. J’ai par exemple remarqué que, là où la Colombie me rappelait l’Indonésie avec ses couchers de soleil à 18h, le centre/sud du Chili vit à d’autres rythmes avec le soleil qui se couche vers 21h30. Marrant comme ça change drastiquement, non? Je sens que j’ai parcouru un sacré tas de kilomètres, vraiment. Mais, justement, j’ai parcouru et parcouru. Et, souvent, je me suis peu arrêtée. J’ai connu des gens auxquels je me suis attachée et avec qui j’aurais volontiers passé plus de temps, et des endroits que j’aurais voulu avoir le temps de plus explorer. Chacune de mes étapes de voyage aurait mérité au moins une dizaine de jours, mais d’un autre côté chaque pays mérite une visite, et si je devais couper dans ce que j’ai vu pour dédier plus de temps à moins d’endroits, honnêtement je ne sais pas à quoi je renoncerais. Le temps passé à Chiloé fut clairement trop court, mais je suis heureuse d’avoir pu au moins y passer et me faire une idée de l’île, respirer son atmosphère, vivre à son rythme même juste pour un petit moment.

Chiloé
Chiloé

De Chiloé, je suis retournée à Osorno et après une dernière nuit avec les grands-parents et la tante de mes amis, j’ai fait du stop pour traverser la frontière et arriver à Bariloche, en Argentine. Mes aventures patagoniennes vous seront contées dans un prochain article, en attendant je voulais vous donner une petite idée de l’espagnol chilien, qui comme l’argentin est très particulier et contient énormément de vocabulaire familier et incompréhensible pour les non-initiés. Il faut tout d’abord savoir que les chiliens sont tous d’accord pour dire qu’ils parlent mal, et certains d’entre eux m’ont dit essayer de parler de façon « moins chilienne » car ils n’aiment pas trop ça. Ils étaient plusieurs à vraiment faire attention à me « traduire » les mots inconnus ou à faire attention quand j’étais là, pour que je ne me sente pas isolée. Mais ça m’a tout de même bien fait rire de me rendre compte que, là où après quelques semaines sur le continent mon vocabulaire était à jour et je n’avais plus que rarement besoin de demander la signification de certains mots, à peine arrivée au Chili, ma première conversation avec un groupe de chiliens m’a portée à devoir demander ce que voulait dire tel ou tel mot toutes les 5 min, comme une débutante! Les chiliens, surtout ceux de Santiago, ont tendance à parler assez vite. On m’avait dit que ce serait violent et difficile, mais là où je suis contente c’est que je peux dire que je m’en suis pas trop mal sortie, même avec ceux qui parlaient particulièrement vite (je pense par exemple à la cousine de Tania et Camilo).

[pour ceux qui ne sont pas intéressés par l’espagnol, sautez le prochain paragraphe!]

Vue d’autostop

Autres particularités du chilien: ils prononcent les Y et double LL comme les espagnols, comme un « i » et non comme un « ji », et beaucoup de S disparaissent à l’oral, comme le S de « más » (plus). Et ce n’est pas tout, ils ajoutent aussi souvent un « i » à la fin de la conjugaison de la deuxième personne du singulier, là où le S disparaît: cómo estás? (comment vas-tu?) devient donc cómo estái? Le mot qui résume parfaitement le chilien, et qui est aussi le mot qui les rend le plus reconnaissable, est clairement le mot cachai? (tu piges?), qui concentre plusieurs particularités chiliennes: le verbe cachar est typiquement du vocabulaire chilien, le S tombe, et il est remplacé par un « i ». Les chiliens l’adorent! Ils le répètent à tout bout de champ, un automatisme total. C’est trop drôle, j’adore! Voici pour ceux d’entre vous avec des notions d’espagnol un peu de vocabulaire d’ici, en commençant par ceux qui m’ont le plus marquée/que j’ai le plus entendus (imparfait, encore en cours de révision par Camilo):

  • Weon: amigo (huévon), très très typique chilien
  • Fome: aburrido
  • Pololo: novio
  • Ya: si
  • Po (à la fin de la moitié de leurs phrases): pues
  • Harto: montón
  • Re: muy
  • Luca: mil pesos
  • Al tiro : inmediatamente
  • Pacos: policía
  • Palos: millones
  • Cana: cárcel
  • Pituto: entrar a un lugar para trabajar gracias a las relaciones
  • Peña (?): trabajo
  • Denle no más: no hay problema
  • Caña: resaca (gueule de bois)
  • La raja: muy bien
  • Peluo: difícil
  • Pelarse: salir a besar y acostarse con desconocidos (sortir pour un coup d’un soir)
  • Trotar: correr
  • Conchesumar: motherfucker
  • Mula: mentira
  • En pelotas: desnudo
  • Choro: moule, chatte, entretenido
  • En qué topamos?: Porque te detengas? Porque no los estamos haciendo?
  • Huaso: campesino
  • Ladura?: Verdad?
  • Sancuros: mosquitos
  • Wata: pansa
  • Wawa: bebe o auto

Prochaines étapes: ma très chère Patagonie et ses saisissants paysages entre verdure, glacier et bout du monde, puis Buenos Aires et la fin de mon voyage

Où je suis maintenant: de retour en Suisse, à Genève, depuis vendredi 17 mars! Je termine gentiment de publier mes articles, atterris petit à petit, et aurai ensuite grand plaisir à revoir ceux d’entre vous qui y vivent

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Chiloé: vue sur la Cordillère

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